Votre avenir vous en sera reconnaissant.
Qu’est-ce qu’un régime de retraite?
Un régime de retraite vous versera un revenu à vie tout au long de votre retraite.
Votre employeur propose-t-il un régime de retraite?
Un régime de retraite de l’employeur est un excellent moyen d’épargner. En vous y affiliant, vous pourrez verser une part de votre salaire dans le régime et votre employeur y cotisera également. À votre retraite, vous recevrez un revenu régulier – votre avenir vous en sera reconnaissant.
Veillez à demander à votre employeur s’il propose un régime de retraite ou d’autres mécanismes d’épargne. Plus vous commencerez tôt, plus votre prestation de retraite sera élevée. Visitez le site de l'ARSF pour vous renseigner plus avant.







Écoutez les conseils des experts.

Balado 1
Informez-vous sur les avantages pour les participants, les idées fausses les plus courantes et l’avenir des régimes de retraite.
Écoutez balado 1

Balado 2
Saviez-vous que 66 % des Canadiennes et Canadiens accepteraient un salaire moins élevé en contrepartie d’un meilleur régime de retraite de l’employeur?
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Balado 3
Tirez-vous pleinement parti de votre régime de retraite?
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Ressources
(Balado 1) Le mode de financement du Régime de pensions du Canada (Gouvernement du Canada)
(Balado 2) The Value of a Good Pension : The business case for good workplace retirement plans (Healthcare of Ontario Pension Plan)
(Balado 2) Social and Economic Value of the Plan - Supporting Ontario’s Economy and Communities (OMERS)
(Balado 2) 2022 Canadian Retirement Survey (Healthcare of Ontario Pension Plan)
(Balado 2) 2022 Canadian Employer Pension Survey (Healthcare of Ontario Pension Plan)
(généralités) Donner aux employés les moyens d'améliorer leur mieux-être financier (Sunlife)
(généralités) Webinaire – Stratégies financières en période difficile (Eckler)
(généralités) Courte vidéo – Enjeux pour les femmes et le bien-être financier (Eckler)
Organismes appuyant la campagne de sensibilisation à la retraite de l’ARSF
SCRIPT DE LA VIDÉO DE SENSIBILISATION À LA RETRAITE
[LOGO]: FSRA & Ontario COA
[INTRO SLATE:] Prenez des décisions financières en toute confiance.
[INTRO SLATE:] Laissez-nous vous montrer la voie à suivre.
[VO:] Épargner pour la retraite n’est généralement pas une priorité face à toutes les enjeux de la vie quotidienne. Nous sommes tous confrontés à de nombreux besoins financiers concurrents : économiser pour une voiture, un appartement ou une maison, fonder une famille, épargner pour des vacances ou pour les études de nos enfants, etc.
[SUPER:] Caroline Blouin
[SUPER:] Vice-présidente directrice, Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF)
[SLATE:] L’utilité des régimes de retraite
[VO:] La participation à un régime de retraite peut vous aider concrètement à épargner pour l’avenir, mais cela peut aussi s’avérer un processus complexe, voire un peu intimidant.
[VO:] Chaque année, en février, dans le cadre de notre Journée de sensibilisation à la retraite, nous vous aidons à comprendre comment la participation à un régime de retraite peut vous être bénéfique, à votre famille et à vous-même.
[SUPER:] Journée de sensibilisation à la retraite
[VO:] Saviez-vous que de nombreux employeurs proposent un régime de retraite dans le cadre de leur programme de rémunération global? Un régime de retraite, c’est en fait un mode de rémunération différé - il s’agit de mettre de l’argent de côté aujourd’hui pour vous aider à vous constituer un revenu pour la retraite.
[SUPER:] Rémunération différée
[SLATE:] Un régime de retraite proposé dans le cadre de votre travail
[VO:] Vérifiez dès aujourd’hui si un régime de retraite vous est proposé dans le cadre de votre travail. Si c’est le cas, n’attendez pas! Agissez immédiatement pour vous affilier à ce régime. Il peut vous procurer des milliers de dollars!
[SUPER:] Affiliez-vous à votre régime
[VO:] Et si votre employeur propose des cotisations de contrepartie à votre régime de retraite, envisagez d’en tirer pleinement parti. Ainsi, vous pourrez optimiser les montants qui seront versés dans votre compte de retraite.
[SUPER:] Cotisations de contrepartie
[SUPER:] Optimisez
[VO:] N’oubliez pas que le régime de retraite proposé dans le cadre de votre travail complétera le revenu de retraite que vous recevrez du gouvernement par l’entremise du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse, en plus évidemment de toute autre épargne individuelle que vous aurez pu vous constituer.
[SUPER:] Régime de pensions du Canada
[SUPER:] Sécurité de la vieillesse
[VO:] En vertu de la loi, votre employeur doit vous transmettre un relevé de retraite annuel. Ce relevé est important, je vous recommande de le lire et de l’étudier pour bien le comprendre. Posez des questions. Parlez à un planificateur financier compétent. Plus vous en saurez, plus vous aurez de chances d’atteindre vos objectifs de retraite.
[SUPER:] Relevé de retraite annuel
[SUPER:] Posez des questions
[SUPER:] Planificateur financier compétent
[SUPER:] Atteignez vos objectifs de retraite
[OUTRO SLATE:] Un consommateur informé est un consommateur avisé.
[OUTRO SLATE:] Apprenez quelles sont les questions à poser
[VO:] Explorez notre site Web pour accéder à plus d’informations, à des liens utiles et à d’autres ressources.
[SUPER:] FSRAO.CA
[SUPER:] 1 800 668-0128 (ATS 1 800 387-0584)
[VO:] N’oubliez pas que l’ARSF est à votre disposition.
[TAGLINE:] Privilégiez vos intérêts
[END SLATE:] FSRA Logo & Ontario COA
SCRIPT DE LA VIDÉO DE SENSIBILISATION À LA RETRAITE (EMPLOYEURS)
[LOGO]: FSRA & Ontario COA
[INTRO SLATE:] Prenez des décisions financières en toute confiance.
[INTRO SLATE:] Laissez-nous vous montrer la voie à suivre.
[VO:] Pour ce qui a trait aux régimes de retraite, la confiance compte, car ces régimes font partie de votre programme de rémunération. Bien sûr, il y a le salaire que nous touchons toutes les deux semaines, une fois par mois ou chaque semaine, mais certains employeurs proposent en plus un régime de retraite. Il s’agit en fait d’une rémunération différée placée en fiducie séparément des actifs de l’entreprise, en vue de l’avenir. Les membres du personnel placent leur confiance dans leur employeur, dans le système et dans le fait que l’employeur pourra s’acquitter des prestations de retraite qu’il s’est engagé à leur verser. Il est donc très important que les gens comprennent leurs prestations de retraite et que ces prestations puissent être versées à leur départ en retraite afin d’assurer leur revenu et celui de leur famille.
[SUPER:] Caroline Blouin
[SUPER:] Vice-présidente directrice, Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF)
[SUPER:] Les régimes de retraite sont un investissement dans votre avenir
[SUPER:} Comprenez vos prestations
[SLATE:] Conseils à l’intention des employeurs
[VO:] Si vous êtes employeur, tirez le maximum de votre régime de retraite. Les prestations que vous versez sont une précieuse composante de votre proposition de valeur en matière d’emploi. Je vous encourage à informer les membres de votre personnel sur la valeur de leurs prestations de retraite pour qu’ils puissent se construire un avenir financier plus sûr.
[SUPER:] Proposition de valeur en matière d’emploi
[SUPER:] Un avenir financier plus sûr
[OUTRO SLATE:] Un consommateur informé est un consommateur avisé.
[OUTRO SLATE:] Apprenez quelles sont les questions à poser
[VO:] Explorez notre site Web pour accéder à plus d’information, à des liens utiles et à d’autres ressources.
[SUPER:] FSRAO.CA
[SUPER:] 1 800 668-0128 (ATS 1 800 387-0584)
[VO:] N’oubliez pas que l’ARSF est à votre disposition.
[TAGLINE:] Privilégiez vos intérêts
[END SLATE:] FSRA Logo & Ontario COA
Annonce-amorce avant l’intro
Mon seul conseil aux gens est le suivant : renseignez-vous au maximum. Le jeu en vaut la chandelle. Quand on y pense, la retraite représente un tiers de notre vie d’adulte, d’après l’espérance de vie actuelle. Alors, obtenez le plus d’informations possible. Aiguisez votre bon sens financier.
Intro – Caroline Blouin
Bienvenue au balado Retraite futée. Je m’appelle Caroline Blouin et je suis vice-présidente directrice à l’ARSF, l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers. Les balados Retraite futée sont des conversations avec des spécialistes de la retraite qui visent à déboulonner les mythes et à donner des conseils pour bien vivre, aujourd’hui et demain.
Caroline Blouin
Aujourd’hui, j’accueille à mes côtés Assia Billig, actuaire en chef du BSIF, le Bureau du surintendant des institutions financières. Dans le cadre de ses fonctions, Assia prépare des rapports actuariels pour le Régime de pensions du Canada, la Sécurité de la vieillesse et d’autres régimes du secteur public. Bienvenue, Assia.
Assia Billig
Merci, Caroline. Merci de m’inviter à prendre part à cette belle initiative.
Caroline Blouin
Oh, merci à vous. Quel plaisir de vous recevoir, Assia! Ma première question sera la suivante : qu’est-ce qu’un actuaire, Assia?
Assia Billig
Oh, mon Dieu. Je n’étais pas préparée à celle-là. Je pense qu’un actuaire, dans Ie monde d’aujourd’hui, est quelqu’un qui s’intéresse vraiment aux risques. Pour étudier les risques, il faut avoir des compétences en mathématiques. L’actuaire s’intéresse au passé, mais aussi à l’avenir. Comment la situation peut-elle changer? À quoi ressemblera l’avenir?
Assia Billig
Si l’on en juge par la période 2020-2022, force est de constater que l’avenir peut être assez imprévisible. Les événements extrêmes auxquels nous avons assisté ces trois dernières années sont complètement inédits depuis des décennies. Il est donc de plus en plus important selon moi, en tant qu’actuaire, de s’intéresser à l’avenir et pas uniquement au passé. Exercer son jugement est devenu vraiment important. Pour résumer, l’actuaire étudie le risque, évalue le passé et prévoit l’avenir.
Caroline Blouin
J’adore. Vous avez dit « dans Ie monde d’aujourd’hui ». C’est intéressant parce que je voulais en savoir plus sur l’origine des régimes de retraite à prestations déterminées. Je suis remontée dans l’histoire et j’ai appris que le concept date de l’Empire romain. C’est fascinant!
Assia Billig
Vraiment?
Caroline Blouin
Le concept existe depuis des millénaires.
Assia Billig
Quand on y pense, c’est un concept très simple, l’assurance. Vous mettez en commun vos ressources pour regrouper les risques. Cette mise en commun des ressources peut atténuer les risques, selon votre espérance de vie, les futurs taux d’inflation, etc.
Caroline Blouin
Tout cela nous amène à votre travail actuel, regrouper les risques. Vous regroupez les « vies » des Canadiens et des Canadiennes, en quelque sorte, pour constituer le Régime de pensions du Canada. Quelles sont les idées reçues sur le Régime de pensions du Canada?
Assia Billig
Je pense que la plus grande idée reçue au sujet du Régime de pensions du Canada est qu’il ne sera plus là à l’heure du départ à la retraite. C’est très intéressant parce qu’elle est apparue en 1997, alors que le Canada procédait à l’une des réformes les plus réussies dans le monde de la sécurité sociale. Nous y reviendrons certainement plus tard. La deuxième idée reçue est que le gouvernement peut dépenser les impôts prélevés sur les salaires. C’est faux.
Caroline Blouin
Où vont ces impôts sur les salaires?
Assia Billig
Ce ne sont pas des impôts sur les salaires. Ce sont des cotisations.
Caroline Blouin
D’accord. Merci de me corriger.
Assia Billig
Ce sont des cotisations de retraite. Le glissement de sens vient des États-Unis, je crois, où ils considèrent les cotisations de sécurité sociale comme des impôts sur les salaires. Au Canada, aux termes du Régime de pensions du Canada, vous et votre employeur versez des cotisations de retraite, tout comme vous et votre employeur le faites dans le cadre d’un régime à prestations ou à cotisations déterminées.
Assia Billig
Où vont ces cotisations? D’abord, elles servent à financer les prestations qui sont versées aux bénéficiaires actuels. Ensuite, tout excédent, s’il en est, est transféré à l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, qui investit ces cotisations sur le marché. Au Canada, il est intéressant de noter que depuis la réforme de 1997, le taux de cotisation n’a pas changé en 20 ans. Pendant tout ce temps, cet argent a été investi sur le marché.
Assia Billig
Si vous allez sur le site Web de l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, vous trouverez beaucoup d’informations. Mais ce que vous verrez immédiatement, c’est que le montant de la caisse s’élève actuellement à environ 500 milliards de dollars. C’est un demi-billion de dollars. Songez seulement à l’immensité de ce chiffre.
Assia Billig
Autre élément intéressant, la caisse est complètement indépendante du gouvernement. Elle a sa propre législation et son propre mandat, lequel est énoncé dans la législation. Le gouvernement ne peut donc pas utiliser cet argent pour payer des dépenses.
Caroline Blouin
J’aime tellement le fait que le gouvernement puisse aussi compter sur votre bureau. Vous avez une très grande responsabilité concernant le Régime de pensions du Canada. En tant qu’actuaire en chef, chargée de mener les évaluations pour le Régime de pensions du Canada, pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous constatez? Quelles sont vos perspectives? Quel regard portez-vous sur l’avenir?
Assia Billig
Avec plaisir. Tout d’abord, permettez-moi de saluer le travail de tout le bureau. Je ne suis pas la seule à m’occuper des évaluations. J’ai, à mes côtés, une équipe à la fois dévouée et très professionnelle qui fait un travail exceptionnel.
Assia Billig
À la différence d’un régime de retraite à prestations déterminées, par exemple, le Régime de pensions du Canada est au service du pays tout entier. Comme vous pouvez le voir, nous avons une immense mise en commun des risques. C’est la raison pour laquelle nous devons tenir compte de diverses variables économiques pour effectuer nos évaluations actuarielles, comme la nature des investissements ou la hausse des salaires.
Assia Billig
Fait très intéressant, nous devons tenir compte des données démographiques. En matière de retraite, normalement, les données démographiques se résument à la mortalité. Combien de temps les gens vont-ils vivre? Pendant combien de temps vont-ils toucher une pension?
Assia Billig
Pour nous, les données démographiques vont bien au-delà. Comment la population canadienne va-t-elle évoluer? En d’autres termes, quels sont les taux de fécondité? Combien d’enfants ont les femmes au Canada? Quels sont les taux de migration? Combien de personnes arrivent au Canada?
Assia Billig
Toutes ces personnes sont des cotisants potentiels au régime de retraite qui, un jour ou l’autre, toucheront des prestations. C’est une grosse partie de notre travail, juste les données démographiques.
Assia Billig
Mais bien sûr, nous nous intéressons aussi à l’économie. Ici aussi, nous essayons d’avoir une vision globale, car nous avons besoin de savoir comment le PIB évoluera dans l’avenir. L’évolution du PIB aura une incidence sur le marché du travail. Elle aura une incidence sur l’inflation. En réalité, ces éléments sont reliés entre eux. Comment les salaires vont-ils évoluer? Et les revenus?
Assia Billig
Il s’agit de notre cadre de travail sur le plan national. L’OIRPC investit à l’international, dans le monde entier.
Caroline Blouin
Pour les personnes qui nous écoutent, je précise que l’OIRPC est l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada.
Assia Billig
Office d’investissement du Régime de pensions du Canada. Désolée.
Caroline Blouin
Aucun problème.
Assia Billig
L’OIRPC investit à l’international. Il possède des investissements partout dans le monde. Pour élaborer nos hypothèses concernant l’avenir, nous devons vraiment tenir compte du marché mondial. C’est ce qui fait notre différence. Qu’est-ce qui me tient éveillée la nuit concernant notre évolution?
Assia Billig
La population canadienne vieillit. Le vieillissement ne s’explique pas seulement par le fait que les gens vivent plus longtemps, ce qui est une bonne nouvelle, mais par le fait que les gens font de moins en moins d’enfants. Regardez les prévisions de croissance de la population canadienne et vous constaterez que, très bientôt, elle viendra entièrement de l’immigration. C’est la raison pour laquelle l’immigration est un facteur très important pour l’avenir du pays.
Caroline Blouin
Revenons au rapport actuariel sur le Régime de pensions du Canada. Que dit-il? Sommes-nous dans une bonne situation?
Assia Billig
Absolument.
Caroline Blouin
Parfait.
Assia Billig
Absolument. Le dernier rapport date de fin décembre 2022. Il a été déposé devant le Parlement. Il faut savoir que, tous les 3 ans, le Régime de pensions du Canada est soumis à l’examen de 11 ministres des Finances, c’est-à-dire les ministres des 10 provinces, dont le Québec, et le ministre fédéral. C’est ce que l’on appelle la revue financière.
Assia Billig
La première année de la revue financière, c’est le moment où nous préparons notre rapport. Ensuite, les deux années qui suivent, les ministres et leurs représentants désignés étudient notre rapport et ce qui se passe au sein de la société canadienne. Ils peuvent décider de modifier le régime, au besoin.
Assia Billig
Nous avons envoyé le rapport aux ministres à la fin de 2022. Il a été déposé devant le Parlement. Les ministres vont commencer à étudier le régime. Je dois dire que le Canada possède l’un des systèmes de gouvernance les plus robustes qui soient en ce qui concerne le Régime de pensions du Canada.
Caroline Blouin
Au monde.
Assia Billig
Au monde, oui. D’abord, tout ce qui concerne le rapport actuariel est extrêmement transparent. Tout est publié sur notre site Web. L’adresse est la suivante : www.osfi.ca. Vous pouvez aller sous la rubrique « Bureau de l’actuaire en chef » et vous y trouverez tous nos rapports.
Assia Billig
Pour les personnes qui n’aiment pas trop les chiffres, nous publions désormais un document de deux pages. C’est une infographie qui permet de saisir tous les faits importants en un seul coup d’œil.
Caroline Blouin
Auriez-vous des faits essentiels à nous faire part?
Assia Billig
Des faits essentiels, assurément. Aujourd’hui, environ 15,2 millions de personnes cotisent au Régime de pensions du Canada. Nous versons environ six millions de dollars de prestations juste pour la retraite. Je rappelle que le Régime de pensions du Canada verse aussi des prestations d’invalidité et de survivant.
Assia Billig
Nous recevons chaque année environ 64 milliards de dollars de cotisations. Nous versons environ 62 milliards de dollars de prestations.
Caroline Blouin
Quel âge a le plus ancien bénéficiaire?
Assia Billig
Oh, mon Dieu. Sans doute pas loin de 100 ans, je dirais.
Caroline Blouin
Ouah. C’est formidable.
Assia Billig
Ce sont des faits. Bien sûr, tout cela devrait évoluer. Le taux de cotisation prévu par la loi au Régime de pensions du Canada s’élève à ce stade à 9,9 %. Je n’entrerai pas dans les détails. Il y a un régime supplémentaire, mais gardons les choses simples. Le taux que nous calculons est inférieur à 9,9, ce qui veut dire que pour les 75 prochaines années, le régime est viable.
Caroline Blouin
C’est une information tellement importante, car, comme vous, la question que j’entends le plus souvent est la suivante : « Le RPC, le Régime de pensions du Canada, sera-t-il là pour moi, le jour où je prends ma retraite? »
Assia Billig
Assurément.
Caroline Blouin
« Assurément ». C’est une réponse catégorique. Si seulement vous pouviez voir ses yeux! Elle est l’actuaire en chef du Régime de pensions du Canada. Le régime est viable pendant 75 ans.
Assia Billig
Juste un peu plus de 75 ans. Notre travail est passé au crible par un groupe d’actuaires indépendant. Nous engageons le Government Actuary Department du Royaume-Uni pour classer les candidats. C’est un processus transparent. Nous demandons à des actuaires canadiens, américains et britanniques de présenter leur candidature.
Assia Billig
On organise ensuite une rencontre. Le but est de valider nos hypothèses. Pendant deux à trois jours, nous avons de fructueuses discussions. Ensuite, ils publient leur rapport. Tout le monde peut le consulter. Au fil des ans, ces revues nous ont permis de prendre connaissance d’un grand nombre de recommandations et beaucoup ont été mises en œuvre.
Assia Billig
Mais ce qui est important pour moi, en tant qu’actuaire en chef du Bureau, c’est d’avoir ce niveau de surveillance professionnelle indépendante. Vous imaginez bien que ma responsabilité est immense.
Caroline Blouin
C’est une très grande responsabilité.
Assia Billig
C’est l’avenir de plusieurs générations de Canadiennes et Canadiens. Nous sommes humains. Nous faisons tous des erreurs. Nous n’avons pas de boule de cristal. Je dors bien mieux sachant que notre travail est passé au peigne fin par des professionnels de très haut calibre.
Caroline Blouin
C’est incroyable. C’est très rassurant ce qu’on entend aujourd’hui. Il y a aussi beaucoup de points de contrôle indépendants. Les investissements sont examinés indépendamment de votre bureau. Vous ne relevez pas du gouvernement, mais vous faites tout de même l’objet d’un examen mené par tous les gouvernements provinciaux et fédéraux, en plus d’un examen entièrement indépendant. Il y a beaucoup de freins et de contrepoids dans le système.
Assia Billig
Absolument. Permettez-moi de vous donner un autre exemple. Bien sûr, le Régime de pensions du Canada est un régime évolutif. Il a déjà été modifié. Mais pour le modifier, la législation exige que les deux tiers des provinces qui représentent au moins les deux tiers de la population canadienne donnent leur accord. Donc il n’est pas facile de le modifier.
Assia Billig
Par exemple, l’Ontario, dont la population actuelle représente 40 % de la population canadienne, a un droit de veto sur toute éventuelle modification. Cela oblige vraiment les intendants du régime à travailler main dans la main. Si des modifications sont apportées, la loi exige que nous préparions un autre rapport actuariel qui sera présenté au Parlement, une fois encore, et qui devra chiffrer le coût de ces modifications.
Caroline Blouin
Beaucoup de prudence.
Assia Billig
Beaucoup de prudence!
Caroline Blouin
Intéressons-nous de plus près au niveau individuel. Quel est le montant maximal de prestation que l’on peut s’attendre à recevoir du Régime de pensions du Canada?
Assia Billig
Tout dépend de l’âge auquel vous quittez la vie active. Si vous prenez votre retraite aujourd’hui, à 65 ans, c’est environ 15 000 $ par an. Vous pouvez commencer à toucher votre pension dès 60 ans et votre pension sera réduite, ou à 70 ans, et elle sera plus élevée.
Caroline Blouin
Que devrait-on faire? Faut-il demander la prestation du Régime de pensions du Canada tôt ou vaut-il mieux reporter sa demande jusqu’à ses 70 ans?
Assia Billig
Mon seul conseil aux gens est le suivant : renseignez-vous au maximum. Le jeu en vaut la chandelle. Quand on y pense, la retraite représente un tiers de notre vie d’adulte, d’après l’espérance de vie actuelle. Alors, obtenez le plus d’informations possible. Aiguisez votre bon sens financier. Cette série de balados en est un formidable exemple. Obtenez une estimation de votre prestation au titre du Régime de pensions du Canada.
Assia Billig
Vous pouvez le demander à partir du portail Mon dossier Service Canada. Vous pouvez demander le relevé de vos cotisations au RPC. Vous aurez alors une estimation du montant de la pension que vous allez toucher. Il y a aussi de très bons calculateurs. Utilisez tous les renseignements à votre disposition.
Assia Billig
Maintenant, aux jeunes gens qui maîtrisent si bien la technologie et la finance, je dirais de ne pas oublier de planifier leur retraite. Bien sûr, quand on est jeune, on veut voyager et faire la fête, puis vient le temps des enfants et des prêts hypothécaires. Les priorités changent. C’est parfaitement compréhensible.
Assia Billig
À un moment donné de votre vie, vous n’épargnerez probablement pas, mais il n’est jamais trop tard pour commencer. Assurez-vous simplement de ne pas négliger ce volet important de votre avenir, la retraite. Je dirais que le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse, si vous avez travaillé, vous assureront un filet de sécurité. Vous ne mourrez pas de faim.
Caroline Blouin
Ces deux programmes sont protégés contre l’inflation.
Assia Billig
Oui. C’est très important. Par exemple, cette année, nous le verrons au 1er janvier 2023, les pensions sont indexées de plus de 6 %.
Caroline Blouin
Incroyable.
Assia Billig
Vous imaginez? Non seulement vous êtes protégé contre l’inflation, mais contre le risque de longévité. Il est impossible que vous surviviez à votre épargne. La pension de la Sécurité de la vieillesse augmente de 10 %, en fait, après 65 ans. Après 75 ans, il est probable que vous serez moins en mesure de travailler. Il existe un très bon filet de sécurité au Canada.
Caroline Blouin
C’est une protection garantie contre l’inflation.
Assia Billig
Absolument, c’est garanti.
Caroline Blouin
Ce n’est pas une protection qui peut disparaître, n’est-ce pas?
Assia Billig
Il peut y avoir une réduction pour le Régime de pensions du Canada dans des cas extrêmes.
Caroline Blouin
Je vois.
Assia Billig
Le but serait alors d’assurer la pérennité du régime pour la future génération. Mais à ce jour, ces dispositions n’ont jamais été appliquées et nous espérons que ce ne sera jamais le cas. C’est la raison pour laquelle nous avons ce processus d’examen. Les gouvernements, avec notre aide, cherchent toujours à s’assurer de la stabilité financière du régime, pour que les prestations soient protégées et que chaque génération en bénéficie sans surcoût.
Caroline Blouin
Maintenant, Assia, revenons à votre rôle d’actuaire en chef du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse. De quoi êtes-vous la plus fière?
Assia Billig
Je pense que ce dont je suis la plus fière, c’est d’avoir participé à la mise en place du RPC supplémentaire. C’était il y a plusieurs années. Ce fut un projet exceptionnel. Quelle expérience incroyable de voir tous les gouvernements s’unir à nouveau pour mener ce projet à bien! Voilà une chose dont je suis très fière.
Assia Billig
Sur le plan personnel, je suis très fière d’être une immigrante de première génération, arrivée au Canada à l’âge de 26 ans, et d’avoir évolué jusqu’à ce poste.
Caroline Blouin
Oui. L’un des rôles les plus importants dans le secteur de l’actuariat, qui plus est... Je suis très heureuse de vous avoir à mes côtés.
Assia Billig
J’ai aussi pu élever deux fils merveilleux et être présente pour ma famille.
Caroline Blouin
Donner au suivant.
Assia Billig
Oui, exactement.
Caroline Blouin
Oui. Revenons à vous. Vous aviez 26 ans à votre arrivée au Canada et vous avez travaillé très dur pour en arriver là où vous êtes. Qu’auriez-vous aimé savoir quand vous vous êtes établie au Canada?
Assia Billig
D’abord, les gens au Canada sont très ouverts d’esprit et très tolérants. N'ayez aucune gêne. Ils vous aideront sans hésiter. Ne laissez pas votre accent vous empêcher d’avancer. Pendant des années, j’avais honte de mon accent.
Caroline Blouin
C’est très beau. C’est un très bel accent.
Assia Billig
Mais c’est ce qui arrive. Et nous les femmes, nous sommes souvent atteintes du syndrome de l’imposteur. N’y succombez pas. Vous êtes intelligente. Et très souvent, vous êtes probablement l’une des personnes les plus intelligentes dans la salle. Posez des questions. Exprimez vos idées. Si vous ne faites pas, quelqu’un le fera à votre place. Alors, foncez.
Caroline Blouin
Ai-je omis de vous poser des questions importantes sur le RPC, la SV ou votre rôle?
Assia Billig
Je pense que nous avons fait un bon tour de la question. Je voudrais juste conclure en disant que je suis très fière du système de retraite canadien. Il est reconnu dans le monde entier. Nous sommes souvent invités à échanger avec d’autres pays au sujet de la réussite du RPC. C’est extrêmement réputé dans le monde entier.
Assia Billig
Je voudrais aussi dire que le travail réalisé par mes collègues pour le Régime de rentes du Québec et pour notre bureau est également reconnu au Canada et dans le monde entier. Nous sommes très souvent à l’avant-garde de la science actuarielle et de la rédaction de rapports actuariels.
Caroline Blouin
C’est merveilleux. Quelle reconnaissance! Dites-m’en un peu plus. C’est super intéressant que d’autres pays se tournent vers vous et votre équipe pour reproduire des pratiques que vous avez mises au point pour notre système.
Assia Billig
Je pense que notre système a été l’un des premiers à instaurer une caisse de sécurité sociale tellement importante qu’elle s’élève désormais à un demi-billion de dollars. C’est quelque chose qui n’avait jamais vraiment réussi avant. Nos collègues au sud de la frontière ont encore, pour investissement, ces obligations nationales. Ils n’investissent pas sur leurs marchés.
Assia Billig
Parfois, ils me demandent de leur présenter les pour et les contre. C’est très enrichissant de discuter avec eux. Je succède à une liste de formidables actuaires en chef qui ont beaucoup œuvré pour promouvoir le Régime de pensions du Canada, la Sécurité de la vieillesse et le travail de l’OIRPC, et informer les différents intervenants, aussi bien au Canada que dans le monde entier.
Caroline Blouin
Parfait. Ce fut une excellente conversation, Assia. Un grand merci du temps que vous nous avez consacré, à moi et aux personnes qui nous écoutent. Je suis convaincue que les gens ont beaucoup appris de notre échange et sont rassurés de savoir que le Régime de pensions du Canada est viable pour les 75 prochaines années.
Assia Billig
Un grand merci à vous Caroline de m’avoir reçue. Je suis très heureuse d’avoir participé à cette merveilleuse initiative d’éducation financière.
Caroline Blouin
Merci. Une fois encore, nous publierons toutes les ressources citées dans ce balado, ainsi que tous nos balados, sur notre site Web à www.fsrao.ca/PensionAwareness.
Outro – Caroline Blouin
Chers auditeurs et auditrices, si l’épisode d’aujourd’hui vous a plu, faites-le découvrir à vos amis et à votre famille. Pour en savoir plus sur le sujet d’aujourd’hui, rendez-vous à www.fsrao.ca/pensionawareness.
Annonce-amorce avant l’intro
Il n’est plus à prouver que les employés accordent beaucoup d’importance aux régimes de retraite d’entreprise. C’est un facteur qui pèse dans la balance au moment de choisir un employeur. C’est aussi un facteur décisif dans le maintien en poste des employés.
Intro – Caroline Blouin
Bienvenue au balado Retraite futée. Je m’appelle Caroline Blouin et je suis vice-présidente directrice à l’ARSF, l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers. Les balados Retraite futée sont des conversations avec des spécialistes de la retraite qui visent à déboulonner les mythes et à donner des conseils pour bien vivre, aujourd’hui et demain.
Caroline Blouin
Je suis ravie d’accueillir dans notre balado d’aujourd’hui trois invités au profil particulièrement intéressant. Je vous présente tout d’abord Rachel Arbour, vice-présidente, Planification et élaboration des politiques au Healthcare of Ontario Pension Plan, également appelé HOOPP. HOOPP est le régime de retraite du milieu de la santé en Ontario. Il compte plus de 420 000 participants. Bonjour, Rachel.
Rachel Arbour
Bonjour.
Caroline Blouin
Je vous présente ensuite Celine Chiovitti, vice-présidente directrice et responsable des régimes de retraite au Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario, également appelé OMERS. OMERS est le régime de retraite des employés municipaux en Ontario. Il compte plus de 540 000 participants. Bonjour, Celine.
Celine Chiovitti
Bonjour, Caroline.
Caroline Blouin
Enfin, mon troisième invité est Alex Mazer. Alex est cofondateur et chef de la direction de Common Wealth. Common Wealth est une entreprise de technologie financière axée sur une mission qui cherche à répondre aux besoins des personnes qui ne bénéficient pas d’un régime de retraite d’entreprise. Common Wealth est à l’origine du premier programme de retraite pour les médecins au Canada et ses régimes ont reçu plusieurs prix pour leur conception novatrice. Bienvenue, Alex.
Alex Mazer
Merci. Je suis très heureux d’être parmi vous.
Caroline Blouin
Merci beaucoup de vous joindre à moi aujourd’hui et de nous faire partager la passion de votre métier. Commençons par la collaboration entre HOOPP et Common Wealth. Je sais que vous avez collaboré dans le cadre d’un certain nombre de projets de recherche. En 2021, vous avez même publié un rapport intitulé The Business Case for Good Workplace Retirement Plans (L’analyse de rentabilisation en faveur de bons régimes de retraite d’entreprise). À présent, Alex, pouvez-vous m’en dire un peu plus sur cette analyse de rentabilisation et ses arguments?
Alex Mazer
Dans l’étude que nous avons menée en collaboration avec HOOPP, nous avons essayé de quantifier, dans la mesure du possible, les éléments constitutifs d’une analyse de rentabilisation en faveur de bons régimes de retraite. Nous avons donc créé un cadre en quatre volets pour évaluer ces éléments. Le premier volet du cadre est ce que nous appelons l’efficacité de la rémunération. L’idée est qu’en offrant un bon régime de retraite aux travailleurs, l’employeur libère du salaire net que les employés peuvent utiliser pour d’autres dépenses. C’est un véhicule qui permet de transformer l’épargne en revenu de retraite. C’est une façon très efficace de rémunérer le personnel. Voilà pour le premier volet.
Alex Mazer
Le deuxième volet concerne le recrutement et la rétention du personnel. Il n’est plus à prouver que les employés accordent beaucoup d’importance aux régimes de retraite d’entreprise. C’est un facteur qui pèse dans la balance au moment de choisir un employeur. C’est aussi un facteur décisif dans le maintien en poste des employés. Les données montrent que lorsqu’un employeur offre un régime de retraite, le taux de rétention augmente et le coût lié au roulement du personnel diminue. Voilà pour le deuxième volet.
Alex Mazer
Le troisième volet concerne le stress financier et la productivité des travailleurs. De nombreuses études montrent que les employés en proie à du stress financier sont moins productifs au travail. Les régimes de retraite d’entreprise sont un moyen efficace de réduire ce stress. L’employeur aide les employés à se constituer une épargne, ce qui leur permet de se concentrer sur leur travail plutôt que vivre d’une paie à l’autre.
Alex Mazer
Enfin, le quatrième volet de l’analyse de rentabilisation est une question émergente, les enjeux liés aux ESG. Selon nous, à l’heure où les ESG, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, gagnent en importance dans l’économie, les investisseurs, entre autres, vont prêter davantage attention aux dispositifs qu’offrent les employeurs en matière d’épargne et de retraite d’entreprise. Ces dispositifs pourraient leur procurer un avantage concurrentiel dans l’économie.
Caroline Blouin
Oui. Il y a un lien avec les ESG et le fait d’être une entreprise socialement responsable. Maintenant, compte tenu du véritable enjeu que constituent le recrutement et la rétention du personnel sur le marché aujourd’hui, constatez-vous un regain d’intérêt à l’égard des régimes de retraite d’entreprise?
Alex Mazer
C’est le cas. Le phénomène a commencé à apparaître il y a quelques années sous l’effet du resserrement du marché du travail. Nous constatons que des entreprises de plus petite taille et issues d’autres secteurs que par le passé s’intéressent désormais aux régimes de retraite au travail. Je dirais qu’il y a 5 ou 10 ans, il aurait été inhabituel pour une jeune pousse technologique de citer les avantages de retraite comme une priorité des RH. Ce n’est plus le cas désormais. C’est presque devenu un enjeu de table pour les employeurs dans ce secteur qui veulent être compétitifs.
Alex Mazer
Nous voyons des employeurs de différents secteurs, aussi bien des services, de l’industrie que des technologies, s’intéresser aux avantages de retraite et en offrir pour la première fois. Notre spécialité, c’est de répondre aux besoins de ces entreprises, les PME, qui n’ont pas de régime à l’heure actuelle, ainsi que les organismes sans but lucratif.
Alex Mazer
Le recrutement des talents est difficile pour un grand nombre de ces entités et c’est ce qui explique l’intérêt soudain pour les régimes d’entreprise. Les études montrent invariablement que pour les PME, les petits employeurs, recruter les meilleurs talents et les maintenir en poste est au premier rang de leurs préoccupations. Et le problème ne va pas disparaître, malgré l’incertitude économique qui pointe à l’horizon de l’année à venir.
Caroline Blouin
Excellent. Tout cela va dans le sens de l’étude d’OMERS. Un régime d’entreprise a aussi une valeur sociale. Celine, à OMERS, vous offrez un régime à prestations déterminées aux employés municipaux depuis des décennies et c’est très bien vu. Votre étude révèle que 50 % des personnes qui adhèrent à un régime de retraite sont plus susceptibles de se dire très satisfaites de la vie, par rapport à celles qui n’en ont pas. L’intérêt d’un régime va donc au-delà de la question de la sécurité financière. Je serai curieuse d’en savoir plus sur les conclusions du rapport et sur ce qui vous a étonnée.
Celine Chiovitti
Bien sûr. Je vais d’abord parler un peu de l’étude en elle-même, si vous le voulez bien. Comme vous l’avez souligné, nous voulions évaluer ce qu’apporte OMERS aux collectivités en Ontario, au-delà de la question monétaire. Nous avons fait appel à [inaudible à 00:08:44], un cabinet d’études de marché indépendant, pour nous aider. Nous lui avons demandé de s’intéresser principalement à deux aspects. Le premier aspect est celui de l’incidence économique. Outre la pension versée, quelle valeur apportons-nous en Ontario sur le plan économique?
Celine Chiovitti
Le deuxième aspect est, vous l’avez souligné, celui du degré de satisfaction dans la vie, un critère moins tangible que d’autres. Les données ont été très éclairantes. D’un point de vue économique, [inaudible 00:09:13] a démontré que les montants que nous investissons directement en Ontario et les pensions que nous versons à environ 200 000 retraités, et qui sont ensuite réinvesties dans l’économie, équivalent à près de 12 milliards de dollars de PIB. C’est 112 000 emplois créés en Ontario. Un foyer sur onze dépend d’une façon ou d’une autre des pensions que nous versons et investissons en Ontario. Ici aussi, il y a beaucoup de travaux de recherche intéressants qui démontrent que les régimes de retraite ne profitent pas uniquement aux bénéficiaires des pensions.
Celine Chiovitti
Le degré de satisfaction dans la vie est l’aspect le plus intéressant, selon moi. Je le sais, parce que je traite quotidiennement avec les participants au régime. Ils vivent moins de stress financier. L’étude a permis de mettre en corrélation leur façon de vivre et leur propre perception de leur existence. [inaudible 00:10:05] a mené un sondage auprès de personnes qui adhèrent à OMERS pour établir des comparaisons avec des personnes qui ne bénéficient d’aucun régime.
Celine Chiovitti
Comme vous le disiez, plus de 50 % se disent plus satisfaites dans la vie que les autres. Ces personnes sont aussi plus généreuses. Elles font du bénévolat à l’échelle locale. Elles sont moins dépendantes des autres aides du gouvernement et du régime de santé. Il a été concrètement établi, une fois encore, que ces personnes vivent mieux à la retraite que celles qui n’ont pas accès à ce type de régime.
Caroline Blouin
Comment expliquez-vous cela, Celine?
Celine Chiovitti
Je l’explique par la tranquillité d’esprit et l’assurance de ne pas survivre à son épargne. Quand on est dans la vie active, on a plusieurs options à disposition pour compléter son revenu. C’est beaucoup plus difficile à un certain âge. Quand on a un régime de retraite, on reçoit sa paie chaque mois sans avoir à se soucier de cette question. On peut faire son budget et savoir qu’avec cet argent, on sera en mesure de mettre de côté pour subvenir à ses besoins médicaux et vieillir à la maison. Une fois encore, tout cela permet d’alléger le fardeau financier.
Caroline Blouin
Parfait. Maintenant, réfléchissons aux jeunes adultes qui entrent sur le marché du travail. C’est souvent plus difficile de penser à la retraite parce que c’est une perspective lointaine, à un moment où l’on cherche à construire et à évoluer dans la vie active. Que diriez-vous à la jeune Celine?
Celine Chiovitti
D’abord, je comprends parfaitement que ce soit un exercice difficile. C’est particulièrement rude aujourd’hui pour la future génération de participants, les générations Y et Z. Au sortir des études, beaucoup ont une dette d’étudiant à rembourser, tout en devant vivre avec leur paie.
Celine Chiovitti
La retraite semble si lointaine qu’ils ne voient pas vraiment l’intérêt de cotiser. Je dirais aux jeunes actifs que d’après mon expérience auprès de nos participants, c’est l’un des actifs les plus importants qu’ils puissent détenir. Plus vite vous commencerez à cotiser à un régime de retraite, qu’il s’agisse d’un régime à cotisations ou à prestations déterminées, plus vite vous épargnerez pour votre avenir, surtout si votre employeur vous verse des cotisations de contrepartie. Ne pas cotiser, c’est comme laisser de l’argent sur la table.
Caroline Blouin
Absolument.
Celine Chiovitti
D’un côté, il y a cet avantage qui consiste à épargner sans y penser. De l’autre, cela reste un actif à surveiller. Étudiez votre documentation et prenez l’habitude de faire le point chaque année. Je passe beaucoup de temps avec des gens qui sont soit au début soit à la fin de leur carrière. Tout le monde, sans exception, à l’aube de toucher sa pension, a l’impression d’avoir gagné à la loterie et ressent de la reconnaissance.
Celine Chiovitti
Notre participant le plus âgé à OMERS a 107 ans. Cela fait plus de 40 ans qu’il touche une pension. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Mais ce que je sais, c’est qu’il vaut mieux ne pas se retrouver dans une situation fragile quand on n’est plus en mesure de subvenir à ses besoins et de travailler. On veut avoir l’esprit tranquille. J’encourage vivement quiconque bénéficie d’un régime de retraite à cotiser à ce régime et à commencer tôt. À un moment donné de votre vie, vous serez très heureux d’avoir fait ce choix.
Caroline Blouin
Je crois que vous conseillez aussi de jeter un œil au relevé annuel des avantages sociaux. C’est cette merveilleuse période où vous recevez votre relevé. Prenez simplement le temps de le passer en revue pour voir si vous avez besoin de corriger le tir.
Celine Chiovitti
Absolument. Il y a aussi beaucoup d’informations en ligne. Si vous avez accès à des outils numériques, vous pourrez rapidement vous renseigner. Et une fois encore, il vaut mieux prendre l’habitude de le faire régulièrement.
Caroline Blouin
Parfait. À présent, revenons au recrutement et à la rétention du personnel qui, selon Alex, sont des éléments clés de l’analyse de la rentabilisation en faveur d’un bon régime de retraite d’entreprise. Rachel, en novembre, HOOPP a publié une enquête passionnante. Cette enquête conclut qu’en 2022, la perte de personnel et l’épuisement professionnel sont au rang des principales préoccupations des employeurs au Canada. Elle révèle même que 17 % d’entre eux, soit près d’un employeur sur cinq, ont mis sur pied un régime, ou amélioré leur régime existant, au cours de la dernière année ou prévoient le faire l’année suivante. Pourquoi, selon vous?
Rachel Arbour
Cela montre bien la valeur ajoutée qu’un régime de retraite peut apporter à une entreprise. Plus tôt cette année, nous avons publié une enquête que nous avons menée auprès de la population générale pour mieux comprendre sa perception de la retraite. Nous avons appris que 66 % des Canadiennes et des Canadiens seraient disposés à réduire leur salaire en échange d’un meilleur régime de retraite d’entreprise. Je pense que les employeurs ont compris que c’est un moyen efficace d’offrir de la rémunération à leurs employés. Cela leur donne un atout supplémentaire dans un contexte où ils se demandent comment recruter et conserver leurs talents dans l’entreprise.
Rachel Arbour
Améliorer l’offre des avantages de retraite est un moyen de se démarquer pour les employeurs. Nous savons que, pour les employeurs comme pour les employés, les régimes de retraite sont très importants dans l’entreprise. C’est une excellente nouvelle de savoir que tant d’employeurs ont l’intention d’améliorer leur régime ou l’ont amélioré au cours de l’année passée.
Caroline Blouin
Une personne en recherche d’emploi cherchera à en savoir plus sur le salaire, les congés, les avantages médicaux et dentaires, voire le programme de bien-être, mais rarement sur le régime de retraite. Que diriez-vous à cette personne? Comment l’encourageriez-vous à aborder la question?
Rachel Arbour
Oui, c’est un point intéressant. Nous savons, grâce à l’enquête que nous avons menée auprès de la population générale, que l’épargne pour la retraite est au deuxième rang des préoccupations. Comment trouver le temps et l’énergie d’épargner pour la retraite? C’est beaucoup plus facile si votre entreprise vous aide à atteindre ces objectifs. C’est aussi beaucoup plus facile d’envisager votre retraite si vous avez un plan que vous pouvez régulièrement consulter.
Rachel Arbour
Comme l’a dit Celine, il se peut que votre employeur verse des cotisations de contrepartie dans le cadre d’un bon régime capable de répondre à vos besoins de retraite. Vous devez vous interroger sur l’importance d’un régime de retraite pour vous, en définitive. Qu’essayez-vous d’accomplir dans votre vie professionnelle? À un moment donné, vous aurez envie de quitter la vie active et de prendre votre retraite. Autrement dit, vous devrez avoir de l’argent pour subvenir à vos besoins à ce moment-là.
Rachel Arbour
Il faut opérer un changement de perspective. D’ailleurs, on initie les enfants à la planification financière. Ce travail permettra de faire comprendre aux gens que s’ils ne mettent pas de côté pour leur retraite au début de leur carrière, ce ne sera pas facile à faire en fin de carrière. Il faut que les gens puissent avoir cette conversation dès qu’ils intègrent l’entreprise. Quel est le régime de retraite? L’employeur verse-t-il une cotisation de contrepartie? Quel soutien va-t-il m’apporter une fois que je serai à la retraite?
Rachel Arbour
C’est aussi important que de savoir si l’entreprise offre une assurance de soins dentaires. C’est même plus important probablement compte tenu des objectifs généraux des Canadiennes et des Canadiens concernant leur avenir et leur épargne.
Caroline Blouin
Sur ce, je vais faire un tour de table et vous demander quel conseil ou quel élément les personnes qui nous écoutent devraient retenir de notre balado d’aujourd’hui. Celine, vous hochez la tête, oui.
Celine Chiovitti
Une fois encore, c’est une responsabilité partagée avec votre employeur. Prenez cette responsabilité au sérieux. Intéressez-vous de près à la question. Consultez la documentation à votre disposition. Posez les bonnes questions. N’attendez pas. Souvent, les gens m’appellent à cinq ans de la retraite. C’est alors qu’ils s’y intéressent.
Celine Chiovitti
J’aurais préféré qu’ils se penchent sur la question des années avant. À ce stade, c’est très difficile de faire des changements, et d’avoir les moyens de le faire, à quelques années de la retraite. Mon conseil est donc le suivant : si vous bénéficiez d’un régime de retraite, vous avez beaucoup de chance. Intéressez-vous au sujet. Faites les bons choix. Si vous ne bénéficiez pas d’un régime de retraite d’entreprise, il est important d’épargner. Demandez conseil à une personne de confiance. Vous pouvez vous rapprocher d’un conseiller financier. C’est notre responsabilité à tous.
Caroline Blouin
J’adore. Rachel?
Rachel Arbour
Je vais juste rebondir sur ce que vient dire Celine. Selon notre enquête, 77 % des Canadiennes et Canadiens et 80 % des employeurs pensent que notre économie en pâtirait s’il n’y avait pas de bons régimes de retraite. Cela rejoint l’idée de la valeur sociale du régime de retraite. Un bon régime a une portée plus vaste. Nous voulons tous voir nos aînés vivre une belle retraite.
Caroline Blouin
Merveilleux. De beaux messages, très importants. Alex?
Alex Mazer
Selon moi, si vous êtes un employeur, envisagez de mettre en place un régime si ce n’est pas déjà fait. Il y a 1,2 million de PME au pays. 90 % des Canadiennes et Canadiens, le secteur privé, travaillent pour des PME. C’est là où se trouvent les employés. Je pense que l’argument en faveur des régimes de retraite est très fort. De plus, le marché a connu beaucoup d’innovations. La technologie a beaucoup évolué. De nos jours, mettre en place un régime est à la fois plus facile, plus abordable et moins risqué. Renseignez-vous. Il y a plein de façons de s’y prendre. Et pour vos employés, il se pourrait que ce soit plus important que vous ne le pensez.
Alex Mazer
Si vous êtes un employé, n’hésitez pas à demander un régime. Parlez-en à vos collègues. Il ne devrait pas s’agir d’un enjeu individuel. C’est une question qui concerne toute l’entreprise. Parlez-en à votre employeur et aux RH. Si vous êtes un professionnel des RH, parlez-en à votre conseiller en avantages sociaux. La plupart des PME travaillent déjà avec des conseillers en avantages sociaux. Ces conseillers peuvent aussi vous aiguiller vers les dispositifs de retraite qui vous conviennent le mieux. Selon moi, il est possible d’étendre cette protection aux 10 millions de personnes au Canada qui n’ont pas de régime de retraite d’entreprise à l’heure actuelle.
Caroline Blouin
C’est vrai. Si vous cherchez un nouvel emploi, n’oubliez pas de demander au recruteur si le régime de retraite fait partie des avantages sociaux. C’est une question aussi pertinente que valable.
Caroline Blouin
Auriez-vous des ressources à conseiller aux personnes qui nous écoutent?
Celine Chiovitti
Il existe une mine d’information en ligne de nos jours. Nous n’avons jamais eu autant accès à l’information. Il y a le site de l’ARSF, bien sûr. Si vous adhérez à OMERS, vous pouvez consulter notre site et utiliser nos outils. Nous avons des portails pour les participants. Je sais que HOOPP aussi. Je dirais simplement de prendre la question au sérieux, d’exploiter toutes les ressources à disposition, de poser des questions et de se pencher souvent sur le sujet.
Rachel Arbour
Pensez à suivre votre régime de retraite dans les médias sociaux.
Caroline Blouin
Bien vu! Oui, vous êtes tous présents dans les médias sociaux.
Rachel Arbour
Et même si vous n’êtes pas un participant à l’un de nos régimes... Je sais qu’OMERS et HOOPP publient régulièrement tout un éventail de renseignements. De notre côté, nous diffusons de courtes vidéos pour aider les gens à bien comprendre la valeur des régimes dont ils disposent, mais ce sont des informations qui sont aussi valables en général. Pour ne pas oublier votre régime et vous rappeler de vous y intéresser une fois par an, veillez à garder vos coordonnées à jour. Mais si votre régime est présent dans les médias sociaux, c’est le meilleur moyen de ne pas l’oublier.
Caroline Blouin
Plus on en sait, mieux on se porte, n’est-ce pas? Alex?
Alex Mazer
J’ajouterais une chose : d’après les études que nous avons menées avec HOOPP, il y a vraiment de grandes différences entre un bon et un mauvais régime de retraite. Évidemment, mieux vaut un régime qu’aucun, car il apportera toujours plus de valeur que ce qu’une personne serait capable de faire seule. Mais il faut faire attention aux frais ou à la transférabilité du régime par exemple.
Alex Mazer
Rachel a parlé de l’importance d’avoir un plan et de vous protéger ainsi contre le risque de survivre à votre argent. Celine a aussi mentionné le fait de ne pas avoir à se soucier de sa paie à 107 ans. Ce sont de très bons conseils pour aider les gens à faire les bons choix en matière d’investissement et à éviter des erreurs courantes. Tout cela peut se chiffrer à des centaines de milliers de dollars pour une personne au cours d’une vie. Les employeurs et leurs conseillers peuvent aussi consulter notre étude sur la valeur d’un bon régime d’entreprise pour en savoir plus sur ce qui fait l’efficacité d’un régime de retraite.
Caroline Blouin
Parfait. Eh bien, c’était un plaisir de vous recevoir aujourd’hui et de pouvoir m’entretenir ainsi avec vous. Un grand merci, Rachel, Celine et Alex. Je vous suis très reconnaissante de votre temps et de vos conseils.
Outro – Caroline Blouin
Chers auditeurs et auditrices, si l’épisode d’aujourd’hui vous a plu, faites-le découvrir à vos amis et à votre famille. Pour en savoir plus sur le sujet d’aujourd’hui, rendez-vous à www.fsrao.ca/pensionawareness.
Annonce-amorce avant l’intro
Si vous avez la chance d’avoir un régime de retraite ou un régime d’épargne au travail, renseignez-vous. Vous pourriez avoir droit à des cotisations de contrepartie. Autrement dit, pour chaque dollar que vous versez, votre employeur versera un dollar supplémentaire ou 50 cents, selon les modalités du régime.
Intro – Caroline Blouin
Bienvenue au balado Retraite futée. Je m’appelle Caroline Blouin et je suis vice-présidente directrice à l’ARSF, l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers. Les balados Retraite futée sont des conversations avec des spécialistes de la retraite qui visent à déboulonner les mythes et à donner des conseils pour bien vivre aujourd’hui et demain.
Caroline Blouin
Je suis ravie de vous présenter aujourd’hui deux de nos invités, Michael Carter, vice-président associé, Expérience des promoteurs et conception de produits à la Sun Life, et Marc-Antoine Morin, vice-président associé, Produits retraite collective à Manuvie. Bienvenue, Michael et Marc-Antoine.
Michael Carter
Merci.
Marc-Antoine Morin
Merci.
Caroline Blouin
Je suis très heureuse de vous recevoir aujourd’hui. Le balado d’aujourd’hui s’adresse surtout aux jeunes adultes. Le but est de parler des mesures qu’il est possible de prendre aujourd’hui pour assurer demain. Démystifions l’épargne-retraite et l’épargne en général. Imaginons que vous êtes à nouveau ce jeune adulte d’une vingtaine d’années qui entre dans la vie active. Que devriez-vous savoir au sujet des pensions et de l’épargne pour la retraite?
Michael Carter
C’est une très bonne question. J’aime remonter dans le temps jusqu’à la jeune personne que j’étais. Je sais que ces questions financières peuvent être intimidantes et source d’appréhension. Selon moi, il ne faut pas nécessairement avoir toutes les réponses en main pour commencer à mettre de côté.
Michael Carter
Il faut juste commencer. Mettez un peu d’argent de côté, à chaque chèque de paie. Ainsi, vous aurez de la flexibilité et des options plus tard dans la vie, quand vous comprendrez mieux ce qui vous intéresse, ce qui compte pour vous et ce que vous voulez accomplir. Qu’il s’agisse de gravir une montagne ou même la Tour CN, tout commence par le premier pas. Concentrez-vous sur ce premier pas, c’est-à-dire, mettre un peu de côté.
Michael Carter
Personnellement, j’aime beaucoup le fait de commencer à épargner sur le chèque de paie avant même que l’argent ne soit déposé dans le compte. C’est le principe de la cotisation salariale ou de la retenue sur la paie. Alors que la personne commence à construire sa vie et donc à dépenser de l’argent, elle a déjà épargné.
Michael Carter
L’argent ne peut pas être dépensé, s’il n’est pas dans le compte bancaire. Je pense que c’est un moyen très pratique d’ancrer cette habitude d’épargner. La question est ensuite de savoir pourquoi il faut commencer tôt. Comme le dit l’adage, l’argent appelle l’argent. C’est le principe du rendement composé : chaque dollar gagné sur l’investissement permet de générer le dollar suivant. L’argent s’autoalimente.
Michael Carter
Prenons un exemple. Vous avez 20 ans et vous mettez de côté 100 $ par mois jusqu’à vos 60 ans. Vous avez personnellement épargné environ 48 000 $. Mais avec les intérêts composés, vous obtiendrez en réalité dans les 200 000 $, près de quatre fois le montant que vous aviez personnellement mis de côté.
Michael Carter
C’est très important pour les personnes qui entrent dans la vie active de savoir qu’il faut commencer tôt à épargner. Chaque année qui passe où vous différez l’épargne signifie que vous devrez mettre plus de côté par la suite, ce qui peut avoir une réelle incidence sur votre vie et vos aspirations plus tard.
Caroline Blouin
Quelle est la vision des gens à ce sujet? Il y a tant à penser quand on est dans la vingtaine, le remboursement du prêt étudiant, le départ de la maison, l’achat du premier appartement ou un éventuel voyage. Comment changer cette vision?
Michael Carter
La première chose que je recommande vivement est de se renseigner sur ses options. Nous avons parlé des intérêts composés et de l’importance de commencer tôt. Mais il y a un autre élément important. Si vous avez la chance d’avoir un régime de retraite ou un régime d’épargne au travail, renseignez-vous. Vous pourriez avoir droit à des cotisations de contrepartie. Autrement dit, pour chaque dollar que vous versez, votre employeur versera un dollar supplémentaire ou 50 cents, selon les modalités du régime.
Michael Carter
Nous venons de parler des intérêts composés. Les taux se situaient autour de 6 % en moyenne sur le marché. Imaginez la valeur d’un rendement à 100 % sur votre investissement, grâce à votre employeur. C’est une autre recommandation de ma part aux jeunes actifs : ne laissez pas d’argent gratuit sur la table.
Michael Carter
Pourtant au Canada, c’est plus de trois milliards de dollars de contrepartie qui, chaque année, restent sur la table parce que les gens ne cotisent pas et ne profitent pas de cet avantage qui leur est offert. Quand vous commencez à additionner toutes ces choses, les intérêts composés et les cotisations de l’employeur, votre capacité à atteindre vos objectifs et à réaliser ce que vous voulez dans la vie devient de plus en plus facile. « Vous n’êtes pas seul ». C’est vraiment ce que j’aimerais dire aux jeunes actifs.
Caroline Blouin
Cela me plaît beaucoup. Je voudrais juste revenir sur le principe de la contrepartie. C’est stupéfiant les milliards de dollars qui ne sont pas exploités. Et on parle ici d’un rendement immédiat sur l’argent avant même qu’il ne soit investi. Où peut-on se renseigner sur la cotisation de l’employeur, s’il en est? Que conseillez-vous?
Michael Carter
Mon conseil serait de vous adresser à votre gestionnaire ou au service des ressources humaines de votre entreprise. Ces personnes devraient être en mesure de vous donner tous les renseignements dont vous avez besoin. En général, elles vous aiguilleront vers le site Web du fournisseur ou vous remettront une brochure qui vous expliquera les avantages sociaux dont vous bénéficiez. Vos collaborateurs au travail sont certainement très sympathiques et eux aussi pourront vous donner des conseils au sujet de votre régime.
Caroline Blouin
Très bon conseil. Imaginons que je sois une jeune personne à la recherche d’un emploi (et je pense à mes enfants qui cherchent un travail). Pourquoi vais-je moins m’intéresser au régime de retraite, qui fait partie de la proposition de valeur de l’employeur, qu’au nombre de semaines de congé et au régime de soins dentaires et médicaux?
Marc-Antoine Morin
Selon moi, cette attitude s’explique en partie par l’histoire de la retraite au Canada. Pendant longtemps, nous avions ce qu’on appelle un régime de retraite à prestations déterminées, un dispositif qui garantit un revenu à vie une fois à la retraite. À l’époque, c’était très difficile de mesurer la valeur de cette pension. Une personne en recherche d’emploi demandait à un employeur potentiel s’il offrait un régime de retraite. La réponse était oui ou non. Et c’était suffisant.
Marc-Antoine Morin
Ces régimes étaient sensiblement les mêmes, donc les détails importaient peu. Mais désormais, nous avons des régimes à cotisations déterminées. La personne investit son argent et la valeur de son compte augmente. Il est donc important de bien se renseigner parce que les régimes sont très différents. Votre employeur peut vous offrir 1 % ou 2, 3, 4, 5, 6 %.
Marc-Antoine Morin
La question « Avez-vous un régime de retraite? » ne suffit plus. Il faut connaître les détails. « Avez-vous un régime de retraite ou un régime d’épargne? Excellent. Pouvez-vous m’en dire plus, car cela fait certainement partie de votre programme de rémunération globale? »
Marc-Antoine Morin
Si un employeur vous offre une cotisation de 2 %, c’est super. Si d’autres vous proposent 6, 7 ou 8 %, ce qui est très généreux, cet élément doit entrer dans la balance au moment de comparer la rémunération totale que vous pourriez toucher. Vous êtes à une question de pouvoir arrêter votre choix.
Caroline Blouin
Quand vous dites 2 % par opposition à 6 %, vous parlez de pourcentage de salaire.
Marc-Antoine Morin
Oui.
Caroline Blouin
C’est généralement ainsi que cela fonctionne. On parle de la cotisation que l’employeur verse au titre du régime de retraite par rapport au salaire.
Marc-Antoine Morin
C’est exact.
Caroline Blouin
Parfait. Nous avons beaucoup parlé d’investissements jusqu’ici. Démystifions un peu tout cela. Parler finance peut s’avérer très intimidant. Alors, j’ai décidé de cotiser à un régime de retraite... Et maintenant? Que faire de cet argent? Que conseillez-vous?
Michael Carter
Très bien. Nous avons parlé du fait de commencer à épargner tôt. Nous avons aussi parlé de l’importance de bien se renseigner sur ses options et de tirer pleinement parti de la cotisation de l’employeur. Autre élément important, il faut toujours profiter des conseils professionnels auxquels vous avez accès. Au Canada, un grand nombre d’institutions financières peuvent vous orienter. Si vous bénéficiez d’un régime au travail, vous aurez accès à ces conseils professionnels.
Michael Carter
D’abord, c’est un excellent point de départ pour comprendre vos options. Vous êtes prêt pour la prochaine étape et souhaitez épargner au moins 100 $ par chèque de paie. Vous allez entendre parler de REE, de CELI ou de RRCD, tout cela désignant le régime de retraite offert par votre entreprise.
Caroline Blouin
Je pense que nous devrions décortiquer tout cela. Qu’est-ce qu’un REE? Un CELI? Et un RRCD?
Michael Carter
Exactement. Très bon point. J’aime nommer les choses par leur nom pour que les gens ne paniquent pas quand ils les entendent par la suite dans la vraie vie. Dans le fond, ces régimes font appel à deux principes. Le premier, quand allez-vous payer de l’impôt?
Michael Carter
Un REE et un RRCD sont ce qu’on appelle des produits à impôt différé. Autrement dit, vous cotisez, mais vous n’êtes pas immédiatement imposé. L’idée est d’avoir plus d’argent à disposition pour générer les intérêts composés qui vont faire gonfler votre épargne au maximum.
Michael Carter
Le deuxième principe, et nous parlons ici de produits de retraite, c’est qu’une fois à la retraite, normalement, vous paierez moins d’impôt parce que vous toucherez moins d’argent.
Caroline Blouin
Permettez-moi de vous interrompre, le RRCD, c’est un régime de retraite à cotisations déterminées?
Michael Carter
Oui.
Caroline Blouin
Merci.
Michael Carter
Vous avez deux options : le REE, ou régime enregistré d’épargne, et le RRCD, ou régime de retraite à cotisations déterminées. Je ne vais pas m’attarder à ces appellations, mais je ne veux pas que les gens soient décontenancés quand ils rencontrent ces acronymes pour la première fois.
Michael Carter
La troisième option, c’est le CELI, ou compte d’épargne libre d’impôt. La différence ici, c’est que vous payez de l’impôt dans le cadre du régime, mais votre argent fructifie et vous pouvez faire des retraits libres d’impôt.
Michael Carter
Vous vous demandez certainement lequel est préférable. Malheureusement, aucun n’est meilleur que l’autre. Le but est de créer un plan qui vous permettra d’atteindre plusieurs objectifs dans la vie. Chaque produit peut vous aider ensuite à atteindre ces objectifs de différente manière.
Michael Carter
La personne moyenne au Canada optera pour le régime de retraite de l’entreprise, le RRCD, qui verse une contrepartie, dans le but de maximiser son revenu à la retraite. Ensuite, elle alimentera son CELI à titre de compte d’épargne d’urgence. Si quelque chose arrive, elle pourra compter sur cette réserve. Elle pourra aussi l’utiliser pour atteindre ses autres objectifs d’épargne à court terme.
Michael Carter
Enfin, elle optera pour un REE à titre d’instrument d’épargne à long terme, lequel lui assurera une certaine flexibilité. En cas de pépin, elle pourra retirer son argent. Vous cumulez toutes ces options pour atteindre vos différents objectifs.
Michael Carter
C’est la raison pour laquelle nous recommandons de demander conseil à un professionnel. Comme vous pouvez le constater dans ce résumé, il règne quand même une certaine complexité. Mais une fois encore, je répète que vous n’êtes pas seul là-dedans. Il existe plusieurs ressources qui peuvent vous aider à déterminer le plan le plus adapté à votre situation.
Caroline Blouin
La plupart des entreprises, sinon toutes, offrent l’un de ces véhicules.
Michael Carter
Oui.
Caroline Blouin
N’est-ce pas?
Michael Carter
Dans bien des cas, oui.
Caroline Blouin
L’entreprise peut offrir un REE collectif, un CELI collectif, un régime de retraite à cotisations déterminées ou un régime à prestations déterminées. L’idée est de s’informer des possibilités qu’offre l’employeur.
Michael Carter
Absolument. Je ne pouvais pas mieux dire.
Marc-Antoine Morin
Je voudrais soulever un point intéressant. Se faire conseiller est très important, bien sûr, face à des décisions difficiles. Mais ce que j’aimerais dire aux gens, c’est qu’avant de demander conseil, ils devraient se renseigner par eux-mêmes. Le but n’est pas de devenir un nageur professionnel et de se rendre aux Jeux olympiques, mais simplement d’apprendre à nager.
Marc-Antoine Morin
C’est la règle du 20/80. Avec 20 % d’effort, vous pouvez probablement obtenir 80 % du résultat escompté. Maîtriser un tant soit peu l’investissement et l’épargne est une compétence essentielle de la vie. Vous investissez en vous-même. Le fait que vous écoutiez ce balado signifie que vous avez déjà entrepris ce chemin. En réalisant cet investissement maintenant, alors que vous avez une vingtaine ou une trentaine d’années, vous vous dotez d’une compétence à vie.
Marc-Antoine Morin
Que vous décidiez de faire appel à un conseiller ou de gérer les choses un peu plus par vous-même, vous devez trouver un point d’équilibre. N’essayez pas de devenir un spécialiste. Ne tentez pas de sélectionner des titres sur le marché. Ce n’est pas nécessaire d’aller aussi loin. Vous pouvez le faire si vous le souhaitez, mais vous n’y êtes pas obligé. Mais trouvez votre niveau d’aisance. Apprenez à nager. C’est comme la cuisine. C’est une compétence essentielle de la vie.
Caroline Blouin
Attardons-nous un peu sur le sujet. Voyons l’avantage de la diversification à son niveau le plus élémentaire. Nous en entendons beaucoup parler. Vous l’avez mentionné dans votre réponse. Marc-Antoine, pouvez-vous nous l’expliquer?
Marc-Antoine Morin
L’exemple le plus simple que j’aime utiliser pour illustrer l’intérêt de la diversification est le suivant : il faut éviter d’investir dans des fonds, des titres ou des actions qui vont tous dans la même direction, en même temps. Si vous achetez deux actions de deux sociétés automobiles, si le marché de l’automobile se porte mal, vos deux supports vont sombrer au même moment. Ce n’est pas souhaitable.
Marc-Antoine Morin
Vous devez essayer de trouver une société qui vend des parapluies et une qui vend des crèmes solaires. Ainsi, vous enregistrerez toujours un rendement, dans l’ensemble. Si le soleil brille, votre société de crème solaire sera florissante, contrairement à l’autre. C’est la diversification dans sa forme la plus simple. Veillez à ce que, quand l’un baisse, l’autre augmente. Vous ne voulez pas que tout votre portefeuille s’écroule au même moment.
Marc-Antoine Morin
La diversification, sans rentrer dans des explications techniques, a un intérêt sur le long terme. Elle permet, par exemple, de se constituer un portefeuille qui offre un rendement stable de 6 % par an, plutôt qu’un portefeuille à 6 % également, mais qui pâtit des oscillations du marché.
Marc-Antoine Morin
C’est ce que font tous les professionnels. Si vous vous renseignez sur l’investissement, c’est généralement l’un des premiers principes que vous rencontrerez, l’intérêt de la diversification. Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier.
Caroline Blouin
J’adore l’exemple des crèmes solaires et des parapluies. Merci, Marc-Antoine! Vous avez tous les deux mentionné la nécessité de s’informer avant toute chose. Vers quelles sources devrais-je me tourner? Nos vies sont bien chargées. Nous nous adressons aux jeunes actifs, aujourd’hui. Vers qui leur conseilleriez-vous d’aller?
Marc-Antoine Morin
Je pense que si vous avez la chance de bénéficier d’un programme d’épargne au travail, il est fort probable que ce programme vous offre un certain nombre de ressources. En général, les entreprises demandent à des tierces parties de gérer leurs programmes de retraite.
Marc-Antoine Morin
Les lignes directrices de l’industrie les obligent à fournir de la documentation. Vous trouverez certainement un site Web fort instructif sur les placements d’épargne, la budgétisation et le bien-être financier en général. C’est un excellent point de départ si vous voulez trouver de la documentation objective.
Marc-Antoine Morin
Je recommande aussi « Gérez mieux votre argent », un site parrainé par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. C’est un excellent site Web qui couvre un large éventail de sujets.
Caroline Blouin
Parfait. Marc-Antoine, Michael, quelles sont vos ressources préférées?
Michael Carter
Si vous avez la chance d’avoir un régime de retraite au travail, je trouve les outils en libre-service très utiles. Jouez avec les différentes options et enrichissez vos connaissances. Parallèlement, faites appel à un professionnel pour savoir comment atteindre vos objectifs ou renseignez-vous par vous-même.
Michael Carter
Ces outils peuvent vraiment vous aider à vous fixer plusieurs objectifs dans la vie. Si vous voulez devenir propriétaire, faire un voyage, acheter une voiture, épargner pour la retraite... C’est déjà difficile à dire d’un seul souffle, alors imaginez à quel point la tâche est immense, quand on décide de prendre des dispositions pour le restant de ses jours. Tous ces outils vous permettront de bien distinguer les choses et de définir vos différents objectifs, selon votre situation financière actuelle.
Michael Carter
Ces outils vous permettent aussi d’étudier différentes stratégies pour réaliser vos objectifs. Devriez-vous augmenter la fréquence de votre épargne pour atteindre un objectif à un an? Devriez-vous diversifier vos supports? Et ainsi de suite.
Michael Carter
Si vous voulez en apprendre plus, selon moi, c’est en faisant qu’on apprend. Vous écoutez la leçon de math à l’école. Vous pensez avoir compris. Mais c’est en résolvant le problème que vous en apprendrez encore plus. Je pense que pour bien des gens, rien ne vaut la pratique.
Michael Carter
Tous ces outils vous offrent un environnement très sécuritaire dans lequel vous pouvez manier les concepts et comprendre les différentes options. Ainsi, quand vous consulterez quelqu’un, vous serez prêt et vous pourrez avoir une conversation très poussée. J’aime beaucoup cette possibilité aussi.
Caroline Blouin
À présent, Michael, parlons de l’indice de mieux-être des Canadiens Sun Life.
Michael Carter
D’accord.
Caroline Blouin
L’étude met en avant la question du bien-être financier et parle beaucoup de la distraction des employés au travail, en raison de difficultés financières. Aux personnes qui nous écoutent et qui s’inquiètent de leurs difficultés financières au travail, sachez que vous n’êtes pas seules. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que l’indice de mieux-être des Canadiens Sun Life nous révèle? Et d’après vos constatations, certains employeurs ont-ils adopté de bons programmes de bien-être financier pour aider leurs employés?
Michael Carter
Oui. Je pense que tout le monde est conscient du stress que les difficultés financières font vivre aux employés. Ce stress peut vraiment jouer sur ce que ressentent les gens. Il se manifeste par des troubles de santé mentale, voire physique. Le stress financier pèse lourdement sur les Canadiennes et les Canadiens, et nous y accordons une grande attention.
Michael Carter
L’indice sur la santé dont vous parlez a révélé que près de 30 % de nos compatriotes déclarent être distraits au travail à cause du stress financier qui les accable. La bonne nouvelle est que les employeurs disposent de plusieurs moyens d’action pour intervenir auprès des employés et les aider à mieux gérer ce stress. Tout revient aux trois principes que nous avons évoqués précédemment.
Michael Carter
Le premier est l’éducation financière. Quand les employés ont le sentiment de ne pas maîtriser leurs options ou de ne pas trouver de solution, leur niveau d’anxiété augmente considérablement. Ils sont aux prises avec un problème dont ils ne savent pas comment sortir. Première étape dans la lutte contre le stress, l’employeur doit s’assurer que les employés connaissent l’existence de ces outils d’éducation financière et y ont facilement accès.
Michael Carter
Le second principe est la refonte du régime. L’employeur comprend la nature du stress ressenti par ses employés. Il se demande s’il offre le bon éventail de produits (les régimes dont nous avons parlé) compte tenu des objectifs des employés. Les produits offerts vont-ils leur permettre d’atteindre ces objectifs?
Michael Carter
L’employeur évalue aussi les divers incitatifs financiers qui vont aider les employés à atteindre leurs objectifs. Les cotisations de contrepartie sont au nombre de ceux-ci. Les incitatifs offerts dans le cadre du programme sont-ils adéquats?
Michael Carter
Le troisième principe est celui du conseil financier. Les employés sont mieux informés ou savent qu’il existe des solutions. L’employeur a revu son régime de manière à offrir des services et des produits qui répondent aux attentes des employés. C’est le moment d’offrir des conseils directs, ce qui aura l’effet d’une véritable main tendue.
Michael Carter
Tout le monde dans la vie a besoin d’une main tendue, un jour ou l’autre. C’est important de savoir qu’on peut appeler ou rencontrer quelqu’un pour lui dire : « Voilà où j’en suis aujourd’hui. Voici ce que j’essaie de faire. Comment dois-je m’y prendre? » Et quand quelqu’un est là pour vous présenter vos options et vous aider à créer un plan, cela peut tout changer.
Michael Carter
Nous avons des tonnes d’exemple et de témoignage de nos clients qui pensent être en très mauvaise posture et qui ressortent soulagés, un plan à la main. Donc, voilà trois axes de réflexion pour l’employeur qui veut ouvrir le dialogue avec ses employés et leur apporter son soutien.
Caroline Blouin
Parfait. Marc-Antoine, chacun sait que 2022 a été une année difficile sur le plan du recrutement et du maintien en poste des talents stratégiques. D’après vous, les employeurs voient-ils à nouveau leur régime de retraite comme un outil efficace pour atténuer le problème concernant les talents?
Marc-Antoine Morin
Oui, c’est un bon point. Absolument. Face au phénomène, les employeurs tentent d’ailleurs de repositionner leur programme de retraite en tant que programme d’épargne. La nouvelle main-d’œuvre, la nouvelle génération, même si elle devrait épargner pour la retraite parce que c’est un objectif financier important, n’aime pas nécessairement cette appellation. C’est très difficile quand on a une vingtaine ou une trentaine d’années de se projeter à la retraite.
Marc-Antoine Morin
Non seulement les employeurs tentent de repositionner leur programme comme étant un programme d’épargne, mais ils en changent aussi la structure. Dans les régimes de retraite traditionnels, si vous cotisiez, l’argent devait rester dans le régime jusqu’à votre départ à la retraite, à la cinquantaine ou à la soixantaine.
Marc-Antoine Morin
Désormais, la structure est plus flexible. Une partie des cotisations alimente un régime de retraite plus traditionnel, sans décaissement possible avant la cinquantaine ou la soixantaine. Mais une partie reste accessible dans un régime enregistré d’épargne-retraite ou un compte d’épargne libre d’impôt.
Marc-Antoine Morin
Vous avez ainsi le meilleur des deux mondes. Une partie est destinée aux objectifs d’épargne à long terme et une autre reste accessible aux employés. Ils apprécient cette flexibilité.
Marc-Antoine Morin
Cela ne les empêche pas d’épargner pour la retraite à long terme. Mais le fait de garder un certain contrôle sur l’argent est un argument très convaincant. De plus en plus d’employeurs empruntent cette voie face à la nouvelle main-d’œuvre qui veut plus de flexibilité dans sa façon d’épargner.
Caroline Blouin
Avant de conclure, selon chacun de vous, quel serait l’élément à retenir, pour les personnes qui nous écoutent?
Michael Carter
Je pense que le premier élément à retenir est le régime de retraite de l’employeur. Comme Marc le soulignait, c’est un outil extrêmement efficace. Vous pouvez bénéficier d’une cotisation de contrepartie. Ne laissez pas un seul sou sur cette table où sont abandonnés trois milliards de dollars. Maximisez la cotisation de contrepartie. Profitez des frais peu élevés pour faire fructifier votre argent encore plus rapidement.
Michael Carter
Mettez à profit tous les services d’information et de conseil que vous pouvez trouver. C’est un bon moyen de commencer. La chose à retenir : si vous avez la chance d’avoir un régime au travail, renseignez-vous le plus possible à son sujet. C’est un excellent tremplin vers votre future sécurité financière.
Marc-Antoine Morin
Faites travailler votre argent pour vous. Si vous épargnez en vue d’atteindre différents objectifs, que ce soit la retraite ou un achat immobilier, trouvez la formule qui vous convient.
Marc-Antoine Morin
Je peux vous donner mon cas personnel. Quand j’avais une vingtaine d’années, même si je travaillais dans le secteur des retraites depuis longtemps, je n’aimais pas l’idée de bloquer mon argent pour la retraite. Je voulais conserver une certaine flexibilité.
Marc-Antoine Morin
Pendant longtemps, je faisais prélever mon épargne directement sur mon chèque de paie pour ne pas avoir à y penser. Bien sûr, je m’étais assuré au préalable de mettre à profit le régime de mon employeur, notamment les cotisations de contrepartie dont nous avons parlé. Vous ne pouvez pas faire autrement. C’est tellement important.
Marc-Antoine Morin
J’alimentais aussi un compte d’épargne libre d’impôt de façon automatique, ce qui comportait un certain nombre d’avantages. Je laissais mon argent dans ce compte et une ou deux fois par an, je prenais du recul. J’avais amassé de l’argent et je décidais ce que je voulais en faire.
Marc-Antoine Morin
Vais-je en placer plus pour la retraite? Rembourser mon prêt hypothécaire? Ou me faire plaisir en partant en voyage? C’était un moyen de m’obliger à épargner pour le long terme, tout en gardant la maîtrise de mon argent et en ayant le sentiment de pouvoir utiliser mon argent comme je le souhaitais. Mais j’avais ancré en moi l’habitude d’épargner. C’était entièrement automatisé. Je n’avais pas à y penser, sauf une fois par an.
Caroline Blouin
Voilà, c’est terminé. Un grand merci, Michael. Merci, Marc-Antoine. Ce fut une très belle conversation et vous nous avez donné d’excellents conseils, alors merci!
Outro – Caroline Blouin
Chers auditeurs et auditrices, si l’épisode d’aujourd’hui vous a plu, faites-le découvrir à vos amis et à votre famille. Pour en savoir plus sur le sujet d’aujourd’hui, rendez-vous à www.fsrao.ca/pensionawareness.
Annonce-amorce avant l’intro
Vous trouvez un billet de 20 $ sur le trottoir. Vous le ramassez, non? Si votre employeur vous verse une contribution de contrepartie, c’est presque un test de QI. Cotisez, juste pour la toucher. C’est un rendement direct de 100 %. C’est comme refuser une augmentation de salaire.
Intro – Caroline Blouin
Bienvenue au balado Retraite futée. Je m’appelle Caroline Blouin et je suis vice-présidente directrice à l’ARSF, l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers. Les balados Retraite futée sont des conversations avec des spécialistes de la retraite qui visent à déboulonner les mythes et à donner des conseils pour bien vivre, aujourd’hui et demain.
Caroline Blouin
Aujourd’hui, j’ai le plaisir et l’honneur de vous présenter René Beaudry. René est un véritable maître à penser et spécialiste de la retraite. Il est le cofondateur de Normandin Beaudry, un cabinet de conseil qui emploie près de 150 professionnels de la rémunération, des régimes de retraite et des avantages sociaux. René a, notamment, été conseiller en politique et siégé à plusieurs comités d’experts. Bonjour, René.
René Beaudry
Bonjour.
Caroline Blouin
René, dans notre épisode avec HOOPP, OMERS et CommonWealth, nous avons parlé du rapport entre santé financière, santé mentale et santé physique. René, de votre point de vue d’expert en REER, quel est le rapport entre la santé financière et des employés productifs et heureux?
René Beaudry
J’aime le fait que vous mentionnez « heureux », en plus de « productifs ». Des employés moins inquiets, plus dynamiques, épanouis, c’est ainsi que je les désignerais. Je pourrais développer, mais pour résumer, il y a deux choses qui sont importantes pour les employés et les gens, en général. Il faut se doter d’un plan financier dans lequel on a confiance. C’est quand on n’a pas de plan financier qu’on devient méfiant.
René Beaudry
Il faut avoir un certain sentiment de contrôle sur l’avenir. Il y a deux éléments clés sur lesquels je reviendrai dans mes autres réponses et remarques : un plan financier et la confiance en l’avenir.
Caroline Blouin
Avant que nous entrions en ondes, vous parliez de confiance en l’avenir. Vous me racontiez cette histoire incroyable d’une grande entreprise qui invitait ses employés le samedi matin dans ses locaux pour parler retraite et planification financière. Je suis complètement fascinée par cette histoire, surtout par le fait que les employés venaient au travail un samedi matin, accompagnés de leur conjoint. Dites-nous en plus. Qu’est-ce qui rendait la chose si attrayante?
René Beaudry
Cette entreprise possède environ 12 régimes de retraite. L’un des régimes collectifs a décidé d’organiser des ateliers d’une journée complète le samedi. L’atelier comportait trois séances d’une heure et demie sur la retraite, l’assurance collective et la planification successorale. Et ils ont invité les gens. C’était sur invitation. L’atelier s’adressait aux plus de 45 ans.
René Beaudry
Toutes les personnes invitées ont répondu présentes, une bonne partie accompagnée de leur conjoint. Au cours de la séance, des pauses permettaient régulièrement aux gens de poser des questions sur leur situation personnelle. Donc vous avez une salle remplie de spécialistes qui ont des renseignements pertinents à partager. Les conjoints sont présents. Les présentations se font dans un langage simple. J’imagine que trouver un conseiller financier impartial de nos jours, c’est aussi difficile que trouver un bon généraliste. Les gens se sont révélés très enthousiastes.
René Beaudry
Ce que notre client n’avait pas prévu, c’est que la nouvelle se répandrait. Les autres employés, plus jeunes, allaient bientôt réclamer des ateliers. Bien sûr, c’est coûteux d’organiser de telles séances, mais nous étions ravis. Les gens allaient passer une journée entière avec nous. C’est excellent!
Caroline Blouin
C’est tout simplement incroyable. Les gens restaient toute la journée. Bien sûr. C’est incroyable. Je suis aussi fascinée par le fait que les employés plus jeunes, les moins de 35 ans, aient voulu prendre part au débat. Pourquoi, selon vous?
René Beaudry
Comme je le disais plus tôt, les gens ont besoin d’un plan. Ils veulent avoir un certain contrôle sur leur avenir. L’inflation est élevée, l’immobilier coûte très cher. Ils ont soif de connaissances, pas uniquement sur leur régime de retraite, mais sur la finance en général.
René Beaudry
Je vais me répéter, mais c’est difficile de trouver des conseils impartiaux sur le sujet. Quand l’employeur offre des conseils, et je pense que c’est important, son but n’est pas de convaincre les employés de la qualité de son régime de retraite.
René Beaudry
L’employeur veut, en complément, leur offrir des conseils financiers impartiaux. Les employés pouvaient poser des questions à des spécialistes. C’est rare, au cours d’une vie, de trouver dans une même salle un actuaire en assurance collective, un actuaire en régimes de retraite et un avocat spécialisé dans la planification successorale. Et tout cela sans débourser un sou. De plus, il n’y a que 35 personnes dans la pièce. Ce n’est pas comme se retrouver sur Teams avec 200 personnes.
Caroline Blouin
Disons que je suis un petit employeur. Je n’offre pas de régime de retraite et le marché du travail est serré. Je veux attirer les meilleurs talents. Que me conseillez-vous?
René Beaudry
Je vous conseillerais de mettre en place un régime d’épargne d’abord, et non un régime d’épargne-retraite. Prévoyez des modalités automatiques comme il en existe au Royaume-Uni et aux États-Unis. J’y reviendrai. Sans trop insister sur le sujet, essayez simplement de vous positionner sur le terrain de l’épargne parce que vous voulez attirer des personnes plus jeunes.
René Beaudry
Parmi les modalités auxquelles je faisais référence, l’inscription automatique n’est pas aussi répandue qu’elle devrait l’être au Canada. Quand vous avez adhéré au régime de retraite du gouvernement, vous n’avez pas posé de questions ni contesté le fait que l’État déduise des cotisations de votre salaire. Vous le voyez comme un avantage, n’est-ce pas? Parce que vous obtenez une pension.
René Beaudry
Il faudrait que ce soit la même chose avec n’importe quel employeur. L’inscription automatique n’oblige pas les gens à cotiser, mais ils sont informés qu’ils cotisent sauf décision contraire de leur part. Donc ils peuvent toujours renoncer à cette cotisation.
René Beaudry
Passons à l’augmentation automatique. C’est beaucoup plus facile d’épargner si vous augmentez le montant de votre cotisation de 1 % par an, au même moment que votre hausse de salaire. Si vous obtenez une hausse de salaire de 4 % et que votre cotisation augmente de 1 %, vous ne vous en rendrez même pas compte. Bientôt, vous cotiserez à hauteur de 5 ou 6 %. C’est possible avec n’importe quel employeur.
René Beaudry
Autre élément, beaucoup d’institutions financières offrent des fonds d’investissement intéressants et bien pensés, qui sont plutôt accessibles. Cela m’amène au troisième aspect, un fonds d’investissement par défaut. Les gens ne prennent pas le temps de se renseigner sur ce qui constitue un investissement optimal.
René Beaudry
L’employeur fait appel à des spécialistes et à des institutions financières qui s’occupent de placer l’argent dans un fonds d’investissement à la fois conservateur et diversifié. Là encore, il est libre d’apporter des changements et de faire d’autres choix. Mais voilà les trois choses que je conseillerais à un petit employeur qui met en place un régime d’épargne.
Caroline Blouin
Excellent. Concernant les modalités automatiques dont vous avez parlé, je suis bien d’accord avec vous. Beaucoup de travaux de recherche appuient cette idée du « coup de pouce ». Cela rejoint l’idée de « se payer en premier ». Dites-m’en plus sur ce concept, René.
René Beaudry
Eh bien, il s’agit d’un principe très simple qu’on enseigne aux planificateurs financiers. C’est quelque chose que j’ai appris il y a environ 35 ans. En général, les gens n’aiment pas faire de budget. La façon dont ils procèdent, c’est qu’ils dépensent et ce qui reste, ils l’épargnent. Ce n’est vraiment pas une bonne stratégie. « Se payer en premier », cela revient à dire : si je cotise à mon REER à hauteur de 3, 4 ou 5 %, après cela, je pourrai utiliser le reste pour d’autres choses. Il n’y a pas tant de budgétisation à faire. C’est une explication simple, mais voilà brièvement ce que signifie « se payer en premier ».
Caroline Blouin
Merci. Voilà donc en quoi consistent l’inscription automatique et l’augmentation automatique. Passons à un autre sujet à présent. Pourquoi tout le monde, tous les employés, reconnaissent l’intérêt d’une assurance de santé buccodentaire ou d’un programme de bien-être, alors que le régime de retraite semble passé sous silence, sous-estimé et peu valorisé dans la proposition de valeur de l’employeur et le régime de rémunération totale? Que pensez-vous de cela?
René Beaudry
Je pense que ce n’est pas particulièrement emballant, pour quelqu’un qui a 25 ans, de savoir qu’il bénéficie d’un régime de retraite, quelque chose qui va se produire dans 35 ans. Voilà pourquoi je parle toujours des régimes d’épargne. Changez le récit et parlez d’épargne.
René Beaudry
Pour revenir à ce que vous disiez, personne ne quitterait une entrevue sans avoir demandé avant si l’entreprise offre un régime de soins médicaux ou dentaires. Personne. De même que personne n’omettrait de demander le nombre de semaines de congé auxquelles il a droit, n’est-ce pas?
René Beaudry
Maintenant si je me place du point de vue de l’employeur, il est rare qu’un employeur n’ait pas de régime d’invalidité de longue durée. Vous offrez un régime d’invalidité de longue durée. Vous savez que vous devez offrir un régime de soins médicaux et mentaux pour attirer les talents. Les candidats vous demandent s’il y a un régime d’épargne et quel en est le montant? La balle est dans votre camp.
René Beaudry
Si l’employée d’une entreprise qui offre un régime d’épargne prend sa retraite, elle utilisera cette épargne pour sa retraite. C’est un produit intergénérationnel plutôt qu’un avantage social qui s’adresse surtout aux personnes proches de la retraite. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles les régimes de retraite suscitent peu l’intérêt ou ne sont pas très populaires.
René Beaudry
Si vous êtes un employeur (et mes clients sont des employeurs), mentionnez tout au long du recrutement que vous offrez un bon régime d’épargne. Si vous en parlez régulièrement, les candidats en tiendront compte au moment de faire un comparatif entre vous et un autre employeur et ils vous poseront la question. Si vous offrez 5 % dans le cadre d’un régime d’épargne alors que l’autre employeur n’offre rien, je vous assure que cela pèsera dans la balance.
Caroline Blouin
C’est comme une augmentation de salaire de 5 %, dans le fond.
René Beaudry
Oui, absolument.
Caroline Blouin
Cela comporte beaucoup d’avantages. Pourquoi la question de savoir si un employeur potentiel offre un régime d’épargne ou un régime de retraite n’est-elle pas une priorité pour les personnes en recherche d’emploi? Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui nous écoutent aujourd’hui?
René Beaudry
Selon moi, c’est à cause de l’idée erronée que les gens se font de l’épargne pour la retraite. Ils ont le sentiment que l’argent est perdu parce qu’il va rester là, à s’accumuler, sans qu’ils puissent y toucher. C’est pourquoi, il y a quelques années, nous avons imaginé ce que j’appelle l’Autoroute de l’épargne. Nous avons même déposé la marque.
René Beaudry
L’Autoroute de l’épargne revient à dire aux employés qu’ils peuvent participer à un régime d’épargne et à un REER. L’employeur cotisera à un régime de participation différée aux bénéfices. L’employé pourra cotiser quand il le souhaite. Il pourra augmenter le montant de ses cotisations à son gré. Il pourra emprunter cette autoroute au rythme qui lui convient, quand cela lui convient Mais la grande différence, c’est qu’il aura la possibilité de retirer son argent en tout temps.
René Beaudry
J’ai été conditionné à penser de cette manière, à avoir cette vision paternaliste de l’employeur qui alimente le compte d’épargne de l’employé pour qu’il en profite à la retraite. Mais si c’est dans 29 ans, l’employé n’aura pas l’impression que vous lui offrez un avantage. L’Autoroute de l’épargne permet de retirer de l’argent. Au Canada, nous avons un programme qui s’appelle le régime d’accession à la propriété. Il permet de retirer des fonds du REER.
René Beaudry
Dans notre entreprise, notre régime permet aux gens de retirer leur argent de leur REER, mais aussi l’argent de leur employeur. Peu de gens le font. Ils peuvent donc assez rapidement réunir une mise de fonds de 25 000 $ ou 30 000 $. En admettant que le conjoint fasse la même chose, c’est 70 000 $ d’entrée de jeu. C’est possible d’accéder à ce montant, à condition d’épargner beaucoup pendant cinq à sept ans.
René Beaudry
L’employeur ne fait que verser sa cotisation de contrepartie. Et l’institution financière, l’investissement et l’explication. Il ne s’agit plus d’épargner pour la retraite. Il s’agit d’épargner tout court et de retirer les fonds quand vous en avez besoin, ce qui peut être trois ou quatre ans plus tard. Ce n’est pas un signe que l’employé veut quitter l’entreprise. Il a tout simplement besoin de cet argent. Je pense que les gens apprécient cela.
Caroline Blouin
Oui. Cela revient à ce qu’on disait au départ, c’est-à-dire contribuer à la santé financière, mentale et physique des employés, et leur montrer que vous vous préoccupez d’eux.
René Beaudry
Avoir un plan. C’est vrai. Savoir ce que l’avenir vous réserve et éviter d’avoir des surprises...
Caroline Blouin
Je sais que l’écosystème de la retraite est une véritable passion chez vous, donc abordons un peu ce sujet. Parlez-moi de votre vision du système canadien et de son positionnement sur l’échiquier mondial, selon vous.
René Beaudry
Beaucoup d’études ont été réalisées sur le sujet, mais pour résumer, nous avons l’un des meilleurs écosystèmes de retraite au monde, point barre. Notre système repose sur trois piliers et il y a beaucoup de souplesse au pays. Nous avons les deux grands régimes publics, le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse, soit le RPC et la SV.
René Beaudry
Nous avons aussi les régimes des employeurs. Enfin, il existe beaucoup d’options d’épargne individuelle. Tout cela s’équilibre très bien. Nos régimes publics offrent une excellente protection de base et beaucoup de souplesse, ce qui est essentiel, je pense, quand on compare notre système à celui des autres pays. Un bémol, cependant, les régimes publics de notre pays ne sont pas suffisamment bien exploités ou du moins, pas dans toute la mesure possible.
Caroline Blouin
Voulez-vous dire que les citoyens ne font pas bon usage des régimes du gouvernement?
René Beaudry
Ils ne les utilisent pas pour... Enfin, on commence à en parler. C’est peut-être parce qu’un grand nombre de baby-boomers arrivent à la retraite et ont beaucoup d’interrogations sur le sujet. Mais on commence seulement maintenant à comprendre qu’il n’est pas très judicieux de prendre sa retraite tôt. C’est comme une légende urbaine. Cela fait dix ou vingt ans qu’on nous dit le faire, mais c’est faux.
Caroline Blouin
Parlons un peu de ce sujet. Vous parlez du Régime de pensions du Canada où l’on peut décider de prendre sa retraite à 60 ans ou de la reporter à 70. Expliquez-moi pourquoi c’est une mauvaise idée de prendre sa retraite à 60 ans.
René Beaudry
Attention, c’est très important et c’est probablement ce que je dirais de plus important aujourd’hui... Je vais vous donner quelques chiffres pour illustrer mon propos. Les régimes de retraite ont été conçus avec un soi-disant « âge normal de départ à la retraite », soit 65 ans. À partir de cet âge-là, vous recevrez environ 16 000 $ par an du Régime de pensions du Canada et environ 8 000 $ de la Sécurité de la vieillesse. Le chiffre clé ici, c’est donc 25 000 $ à peu près, pour la plupart des Canadiennes et des Canadiens, à partir de 65 ans.
Caroline Blouin
C’est la prestation maximale.
René Beaudry
À 65 ans, c’est le maximum. Les gens dont le revenu était inférieur à 65 000 dollars canadiens toucheront un peu moins que cela. Il est possible de demander la prestation du Régime de pensions du Canada dès l’âge de 60 ans et malheureusement, c’est ce que beaucoup de gens font. Je dis « malheureusement » parce que le montant est alors réduit pour tenir compte du fait que la personne aura besoin de son argent pendant plus longtemps.
René Beaudry
Généralement, les gens ne le font pas parce qu’ils en ont besoin. Ils le font parce qu’ils ont entendu que c’est la bonne chose à faire, alors que ce n’est pas le cas. Ce qu’ils devraient faire, c’est reporter progressivement le moment de toucher leur pension jusqu’à l’âge de 70 ans, comme vous le disiez. De mon point de vue, c’est certainement la meilleure stratégie à adopter. Je ne suis pas le seul dans mon domaine à le croire. On commence à en parler dans les journaux, les articles et les balados comme celui-ci. D’ailleurs, merci de me donner l’occasion d’en parler.
Caroline Blouin
Développons un peu plus le sujet. Nous sommes nombreux à avoir de l’épargne personnelle et un régime de retraite d’entreprise. À cela, il faut ajouter les prestations du RPC et de la SV. Comment décumuler ses avoirs? Dans quel compte puiser en premier? Et comment décider de l’âge du départ à la retraite? Dites m’en plus!
René Beaudry
Très bien. Parlons d’accumulation. L’âge du départ à la retraite est une question ou plutôt une décision personnelle, selon moi. Nous sommes de grands épargnants. Au Canada, on estime que les régimes d’épargne-retraite, les régimes dits « d’accumulation », pèsent 1 600 milliard de dollars.
René Beaudry
Le problème avec cela, enfin, ce n’est pas vraiment un problème, mais presque, c’est que plus de la moitié de cet argent repose entre les mains de personnes qui ont plus de 55 ans aujourd’hui. La plupart des personnes dans ce groupe ne savent pas vraiment comment procéder pour bien décumuler. « Décumuler » signifie décaisser et retirer de l’argent de son REER.
Caroline Blouin
C’est l’inverse d’accumuler.
René Beaudry
C’est l’inverse d’accumuler. Vous êtes monté au sommet de la montagne en télésiège et maintenant, vous devez redescendre. Sauf que personne ne vous a dit d’acheter des skis. La plupart des gens sont un peu décontenancés. Ils ont besoin de conseils. Oh, j’ai oublié de le mentionner. Quand on arrive à ce stade où l’on commence à effectuer des retraits, on transfère son REER dans un FERR, un fonds enregistré de revenu de retraite. C’est un acronyme moins connu que le REER. Seulement, la question du risque n’a pas vraiment été abordée. Mais dans les années à venir, ce sera sur toutes les bouches.
René Beaudry
Ce qu’on constate et c’est un phénomène très documenté, c’est que la plupart des gens ont peur de ne pas avoir assez. Curieusement, ayant peur de manquer d’argent, ils ne retirent pas suffisamment. Ils n’effectuent pas assez de retraits. Il y a beaucoup d’études, surtout aux États-Unis, qui affirment que bien des personnes, arrivées à 80 ans, ont autant d’épargne qu’elles en avaient lorsqu’elles ont pris leur retraite. Elles vivent sur les intérêts et c’est leurs héritiers qui toucheront le capital.
René Beaudry
Mais c’est un phénomène que nous voulons contrer pour que les gens sachent qu’ils peuvent retirer leur argent en toute confiance. La grande variable, c’est l’espérance de vie, n’est-ce pas? C’est pour cette raison que les gens essaient de ne pas trop dépenser ou retirer.
Caroline Blouin
Est-ce que c’est la première question qu’on vous pose en société, en tant qu’actuaire? Dites-moi combien de temps je vais vivre?
René Beaudry
On a dépassé ce stade. Les personnes qui me connaissent savent qu’ils ne vont pas me poser cette question. Mais c’est certain que, plus jeune, en tant qu’actuaire, c’est une question que l’on me posait. Je pense que la vraie question est la suivante : combien la personne peut-elle retirer pour maximiser les prestations du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse?
René Beaudry
Admettons que vous êtes certain de toucher 30 000 $ si vous commencez à 70 ans et que vous avez 300 000 $ dans votre REER. Cela peut paraître beaucoup, mais bien des gens dans ce pays ont accumulé des sommes importantes, une fois arrivés à 60 ou 65 ans,
René Beaudry
La seule aptitude financière dont vous avez besoin dans le fond est de savoir diviser par 1 à 10. Je suis taquin, mais je vais m’expliquer. Vous avez 60 ans et 300 000 $ dans votre REER. Vous divisez cette somme par 10. Vous savez que vous pouvez retirer 30 000 $ par an pendant 10 ans. Vous le savez parce que c’est indiqué sur votre relevé que vous allez recevoir le même montant du RPC et de la SV pendant le reste de votre vie. C’est garanti, comme je l’expliquais plus tôt.
Caroline Blouin
Admettons que vous preniez votre retraite à 70 ans. Si je résume, vous divisez par 10 le montant d’épargne que vous avez accumulée, une fois arrivé à 60 ans, et cela vous couvre de 60 à 70 ans. À 70 ans, vous vivez sur les prestations du RCP et de la SV.
René Beaudry
Oui, c’est le principe dans sa forme la plus élémentaire. Autrement dit, vous vous placez dans la même situation, quasiment, que votre belle-sœur qui est infirmière et qui touche une pension d’État à prestations déterminées. Peu de gens savent, en réalité, qu’un régime à prestations déterminées ne permet pas de cotiser à un REER. Les membres dépendent du régime de retraite de leur employeur. Nombreux sont ceux qui, sans trop savoir, les envient. Alors qu’il est possible de faire la même chose... Il suffit d’avoir un REER et de toucher les prestations des régimes publics dont je parlais plus tôt.
René Beaudry
Autre point, si vous n’étiez pas un génie de l’investissement pendant votre vie active, vous n’allez pas en devenir un à la retraite. Avez-vous vraiment envie d’investir trois ou quatre cent mille dollars quand vous aurez entre 70 et 80 ans? C’est beaucoup de stress. Je ne vous dis pas de dépenser tout votre argent et de vider votre REER. Bien évidemment, ma démonstration se veut simpliste. Je comprends qu’on veuille garder de l’argent de côté. C’est très bien. Faites vos calculs et gardez 50, 60 ou 100 000 dollars dans votre REER.
René Beaudry
Autre fait étonnant, certaines personnes arrivent à l’âge de retraite, à 60 ans ou peu importe, et réalisent qu’elles n’ont pas assez d’argent. Et elles ne savent pas comment repartir du bon pied. Elles se disent que c’est trop tard. « J’aurais dû épargner plus et je ne peux plus rien faire. »
René Beaudry
Revenons à mon exemple. Prenons une personne qui n’a accumulé que 200 000 $. Comme je le disais en plaisantant, c’est là où il faut savoir diviser par 1 à 10. Alors, si vous divisez 200 000 $ par 10, vous n’obtenez que 20 000 $. Travaillez pendant deux ans, à temps plein ou à temps partiel, peu importe.
René Beaudry
À 62 ans, vous divisez votre pécule par 8 (70 moins 62). Tout à coup, ce n’est plus 20 000, mais 25 000 $ que vous obtenez. Attendez une année de plus et, surprise, 200 000 divisé par 7 donne 30 000. Il suffit d’attendre trois ans et de continuer à épargner encore un peu plus sur le côté. C’est comme quand vous voulez arrêter de fumer. Il n’est jamais trop tard. Il suffit d’attendre un peu. Voilà pourquoi je dis que les régimes publics ne sont pas utilisés pleinement. À partir du moment où l’on comprend ce que je viens d’expliquer, en admettant que j’aie été assez clair, n’importe qui dans ce pays peut s’offrir une bonne retraite.
Caroline Blouin
J’aime beaucoup votre optimisme. Merci. J’espère que tout le monde appréciera ce conseil très simple. Vous avez réussi l’exploit de rendre tout cela limpide. Je voudrais revenir sur la phase d’accumulation. Vous avez parlé du montant incroyable auquel s’élèvent les REER au Canada. Je me souviens d’avoir lu, il y a longtemps, des statistiques sur les milliards de dollars non égalés dans les régimes offerts par les employeurs.
Caroline Blouin
Par « non égalés », je veux parler des cotisations de contrepartie de l’employeur qui ne sont pas versées parce que les employés ne cotisent pas assez pour recevoir le montant maximal. Des commentaires à ce sujet? Que diriez-vous?
René Beaudry
Je vais être presque brutal. Vous trouvez un billet de 20 $ sur le trottoir. Vous le ramassez, non? Si votre employeur vous verse une contribution de contrepartie, c’est presque un test de QI. Cotisez, juste pour la toucher. C’est un rendement direct de 100 %. C’est comme refuser une augmentation de salaire.
Caroline Blouin
Nous avons abordé tellement de sujets aujourd’hui, René! Si vous pouviez résumer notre conversation et donner aux personnes qui nous écoutent deux ou trois conseils essentiels, que diriez-vous?
René Beaudry
Oh, mon Dieu. Seulement trois? Renseignez-vous.
Caroline Blouin
Comment?
René Beaudry
L’une des enveloppes les moins ouvertes est celle qui contient le relevé de pension annuel. Il y a deux choses ici. D’abord, ouvrez l’enveloppe.
Caroline Blouin
Ou le courriel.
René Beaudry
Ou le courriel. Lisez le relevé. Si vous ne le comprenez pas, c’est peut-être mal rédigé ou mal expliqué. Dites à votre employeur que vous voulez cette information, mais de façon plus claire, après avoir passé une demi-heure à essayer de la comprendre.
René Beaudry
Je dirais qu’une fois dans votre carrière, vous devriez consacrer autant de temps à comprendre votre régime de retraite qu’à planifier vos deux semaines de congé annuel. C’est votre deuxième plus gros actif, après votre maison. Le sujet mérite que vous y consacriez quelques heures, une fois dans votre carrière.
René Beaudry
Autre point, et peu de gens le font, c’est d’investir et de faire appel aux services d’un conseiller indépendant en planification financière, deux fois au cours de leur carrière. J’ai beaucoup d’amis dont c’est le travail.
René Beaudry
Il faut le faire à mi-carrière puis 10 ans avant la date magique à laquelle vous allez lever le pied (parce que vous ne voulez pas prononcer le mot retraite). Faites-le deux fois. Une bonne planification, pour un couple disons « moyen », est probablement moins chère qu’une semaine de vacances par personne à Cuba.
René Beaudry
Faites-le deux fois au cours de votre carrière. C’est un très bon investissement. Je reviens à ce que je disais avant, c’est rassurant. Vous avez un plan. Vous savez ce que l’avenir vous réserve. Vous savez que le régime gouvernemental va prendre en charge une bonne partie de votre retraite. C’est aussi simple que cela.
Caroline Blouin
C’est incroyable. Quelles ressources conseilleriez-vous aux personnes qui nous écoutent aujourd’hui?
René Beaudry
Autres que l’ARSF?
Caroline Blouin
Autres que l’ARSF.
René Beaudry
Oh, mon Dieu.
René Beaudry
Non, mais je vais vous surprendre. Je pense que les organismes de réglementation en matière de retraite dans ce pays sous-estiment la portée d’une bonne communication sur tout ce que nous venons de voir. On a passé beaucoup de temps à superviser les régimes de retraite, à s’assurer que les gens touchaient leur pension et tout cela.
René Beaudry
C’est en train de changer assez rapidement avec ce que vous faites et avec ce que font d’autres personnes dans la province. Je vais m’arrêter là. Je pense que l’ARSF, la Régie des rentes du Québec et tous les autres organismes de réglementation en matière de retraite au pays devraient davantage communiquer sur le sujet, expliquer, simplifier et rendre l’information digeste.
Caroline Blouin
Absolument, rendre l’information digeste. Eh bien, merci de vous être joint à moi aujourd’hui. Ce fut un vrai plaisir! Excellente conversation. Des réflexions intéressantes et de bons conseils... Vous avez un don pour la communication. Un grand merci, René.
René Beaudry
Ça fait plaisir.
Mot de la fin – Caroline Blouin
Chers auditeurs et auditrices, n’oubliez pas, si vous avez aimé le balado d’aujourd’hui, faites-le découvrir à vos amis et à votre famille. Pour en savoir plus sur le sujet d’aujourd’hui, rendez-vous à www.fsrao.ca/pensionawareness.